Free sème la zizanie en voulant prolonger l’accord d’itinérance avec Orange

Publié le 28 juil. 2022 à 19:19

Voilà qui ne devrait pas manquer de faire réagir dans les télécoms, même en plein été. Free cherche à prolonger l’accord d’itinérance qui lui permet depuis 2011 d’emprunter les réseaux 2G et 3G d’Orange. Conçu initialement pour 6 ans pour compenser le handicap de Free qui venait alors tout juste de se lancer sur le mobile, le contrat a été renouvelé deux fois depuis et devait expirer à la fin de 2022. L’échéance approchant, Free tente donc d’obtenir un troisième report.

« Nous avons répondu positivement à la demande de Free. Les conditions financières correspondent totalement à nos objectifs » a révélé Ramon Fernandez, le directeur financier d’Orange, jeudi matin en marge des résultats annuels. Orange n’a pas précisé le montant du contrat. Mais en 2021, l’opérateur avait perçu 5,3 milliards d’euros au titre des « services aux opérateurs » qui incluent notamment l’itinérance avec Free.

Moins de 400 sites 2G

Même si Orange discute avec Free, le dernier mot reviendra à l’Arcep, le régulateur du secteur. Mais jusqu’à présent, le gendarme a toujours donné suite aux demandes de renouvellement, au grand dam de SFR et de Bouygues Telecom… Les deux opérateurs dénoncent depuis des années un avantage anticoncurrentiel dont ils n’ont jamais pu bénéficier lors de leur propre lancement et surtout, qui n’a plus lieu d’être. Bref, un coup de pouce sans justification qui permet à Free de faire des économies sur le front des investissements dans ses réseaux et les ressources humaines. Et vient au contraire gonfler la « rente » d’Orange… « Free Mobile existe depuis 11 ans. Il n’a plus de handicap. Alors pourquoi lui donner cet avantage avec l’opérateur historique ? » attaque un opérateur.

Car entre-temps, Free a musclé son réseau. Le bébé de Xavier Niel compte désormais environ 22.500 sites 3G actifs, soit presque autant que Bouygues Telecom (23.600) et SFR (23.800) et Orange (28.400), selon les derniers chiffres de l’ANFR. En revanche, Free ne dispose que de 373 sites 2G en service, quand ses trois concurrents en ont tous plus de 19.000. « Mais Free pourrait passer ses clients actuels 2G en 3G, voire en 4G, comme tout le monde ! grince un opérateur. Et cela d’autant plus qu’ils se vantent de faire de la location de smartphones à grand renfort de publicité… »

Arrêt de la 2G en 2025

En face, Free estime qu’il s’agit d’un contrat bien moins « structurant » que l’accord de mutualisation de réseaux qui existe depuis 2014 entre SFR et Bouygues, ce que contestent les intéressés. L’opérateur rappelle aussi que ses clients 2G sont très minoritaires sur ses 13,7 millions d’abonnés mobiles (au premier trimestre 2022).

Le nouveau contrat, si l’Arcep le prolonge, devra dans tous les cas s’éteindre en 2025. Orange s’est en effet engagé à désactiver la 2G dans l’Hexagone cette année-là. En revanche, l’opérateur de Christel Heydemann s’est donné jusqu’en 2028 pour éteindre la 3G. Quoi qu’il en soit, la polémique est bien partie pour durer.

Comment affronter la montée des incertitudes ?

Inflation, hausse des taux d’intérêt, Ukraine et maintenant incertitude politique, les chocs se multiplient. Pour évoluer dans un environnement de plus en plus complexe, l’expertise de la rédaction des Echos est précieuse. Chaque jour, nos enquêtes, analyses, chroniques et édito accompagnent nos abonnés, les aident à comprendre les changements qui transforment notre monde et les préparent à prendre les meilleures décisions.

Je découvre les offres