La Banque Postale portée par une production de crédit record au premier semestre

Publié le 28 juil. 2022 à 20:30

La Banque Postale a fait le plein de prêts immobiliers au premier semestre. Dans un contexte de remontée des taux , la filiale de La Poste, qui publiait ses résultats financiers ce jeudi, un jour avant sa maison mère, a vu sa production de crédit immobilier bondir de 21 % par rapport à l’an dernier, à 6,6 milliards d’euros.

Un rythme inédit, bien supérieur au reste du marché. Au mois de mai, le taux de croissance des crédits à l’habitat avait atteint 6,8 % selon la Banque de France, un niveau déjà très élevé .

« Le marché immobilier est resté dynamique au premier semestre. Les Français se sont rués dans les agences bancaires pour finaliser leurs prêts, bien conscients que les taux allaient remonter », a expliqué Philippe Heim, le président du directoire de La Banque Postale. La situation ne devrait toutefois pas perdurer.

Le groupe s’attend en effet à un ralentissement du marché, compte tenu de la hausse des taux, qui devrait se poursuivre et approcher la limite du taux d’usure, qui lui augmente moins vite, et contraint les banques à être plus sélectives . « La production va forcément ralentir au troisième trimestre », prévient Philippe Heim.

La percée de CNP en Italie

Pour La Banque Postale comme pour ses concurrents, le crédit immobilier, qui reste peu rémunérateur, demeure un outil de conquête important. Il permet de fidéliser un client, à qui la banque peut ensuite espérer vendre d’autres produits financiers (assurances, épargne, etc.).

Au premier semestre, le groupe a profité de la forte dynamique de son activité commerciale, alors que le crédit à la consommation s’est également bien tenu (+7,4 % de production). Les revenus dans la bancassurance en France, qui représente plus des deux tiers de l’activité, ont ainsi progressé de 3,1 %, avec une rentabilité en forte hausse.

A l’international, La Banque Postale bénéficie des bonnes performances de sa filiale CNP Assurances, dont il contrôle désormais 100 % du capital après l’OPA et le retrait de la cote réalisés en juin. Les résultats sont en croissance au Brésil et en Italie notamment, où l’assureur-vie vient de racheter à UniCredit le solde de la participation dans l’ex-Aviva Italie et ainsi consolider sa présence sur le marché transalpin.

La nouvelle division de banque de financement et d’investissement du groupe, officiellement créée au 1er janvier, qui se concentre sur le marché entreprises, a aussi contribué à la hausse des bénéfices. Au total, La Banque Postale a vu son résultat net part du groupe bondir de 53 %, à 765 millions d’euros, pour des revenus en hausse de 5,2 %, à 4,2 milliards.

Des provisions financières stables

Le ralentissement économique à l’oeuvre n’entame pas pour l’instant l’optimisme de la banque. « Nous ne voyons pas d’incident particulier à ce stade, que ce soit au niveau des entreprises, comme des particuliers », témoigne Philippe Heim, qui reconnaît néanmoins que la persistance d’une forte inflation pourrait créer des difficultés pour certaines catégories de population et d’entreprises.

Signe de ce relatif optimisme, le coût du risque est resté globalement stable pour le groupe, et à un niveau faible, même si les provisions financières ont doublé dans l’activité bancassurance, pour faire face à d’éventuels défauts de paiement.

La filiale de La Poste compte bien profiter, en cette deuxième moitié de l’année, de la remontée des taux initiée par la Banque centrale européenne (BCE). « C’est globalement une bonne nouvelle pour les banques », reconnaît le patron de La Banque Postale. Qui prévient cependant que l’effet sur les comptes ne sera pas forcément immédiat. « Car la hausse ne pourra pas être répercutée de façon automatique sur les crédits octroyés. »

La filiale de La Poste verra en outre la facture du Livret A augmenter, avec le doublement du taux de rendement à 2 %. La banque publique est la plus exposée à cette hausse, avec un peu plus d’un quart des livrets ouverts.