
Publié le 27 juil. 2022 à 20:08Mis à jour le 28 juil. 2022 à 11:53
La lutte contre l’inflation avant tout : c’est le message que la Fed souhaite faire passer. Comme lors de sa précédente réunion , en juin, le comité de politique monétaire de la Réserve fédérale a décidé à l’unanimité d’augmenter ses taux d’intérêt de trois quarts de point, pour les porter entre 2,25 % et 2,50 %. Elle a aussi confirmé la réduction de son bilan, comme annoncé en mai. Le plafond de cette réduction sera porté en septembre à 95 milliards de dollars par mois, contre 47,5 milliards prévus jusqu’ici.
C’est la quatrième hausse des taux décidée depuis mars. En l’espace de quatre mois et demi, la Fed a donc relevé ses taux dans les mêmes proportions qu’entre 2015 et 2018. Et de nouvelles hausses devraient être nécessaires dans les prochains mois. La décision reflète ainsi l’état d’urgence des autorités américaines face à la hausse des prix, qui atteint des proportions jamais vues depuis plus de 40 ans.
Taux neutres
Le comité de politique monétaire s’est dit « hautement attentif » aux risques inflationnistes. « L’inflation reste élevée, reflétant les déséquilibres de l’offre et de la demande liés à la pandémie, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie et des pressions plus larges sur les prix. La guerre de la Russie contre l’Ukraine cause d’énormes difficultés humaines et économiques. Avec les événements connexes, elle crée une pression supplémentaire à la hausse sur l’inflation et pèse sur l’activité économique mondiale », indique le communiqué de la Fed.
Les taux de la Fed atteignent leur niveau neutre, selon les économistes de la banque centrale américaine, le niveau au-delà duquel ils cessent de soutenir l’activité. Jusqu’ici consensuelle dans sa décision de relever les taux, la Fed pourrait donc désormais se montrer beaucoup plus partagée. Certains gouverneurs se montraient ouverts à une hausse encore plus franche, quand d’autres mettent en garde contre les risques macroéconomiques. Elle se trouve en effet tiraillée entre la hausse des prix et les alertes qui se multiplient sur un ralentissement économique. « Le processus devrait impliquer une période de croissance plus faible et un assouplissement du marché du travail », a reconnu le président de la Fed, Jerome Powell, lors de sa conférence de presse.
En juin, l’inflation a atteint 9,1 % en rythme annuel , portée par la hausse des prix du carburant, du logement et de l’alimentaire. La consommation reste soutenue, mais certains distributeurs, comme Walmart, affirment avoir été touchés par le changement de comportement de certains consommateurs, qui ont ralenti leurs dépenses au deuxième trimestre. Les premiers indices sur le mois de juillet sont plutôt positifs : grâce à la mise sur le marché de réserves stratégiques, Washington a pu enrayer la hausse des prix de l’essence. L’inflation pourrait avoir atteint un pic le mois dernier.
Les marchés optimistes
Mais les prévisions de croissance ont été nettement revues à la baisse et le marché de l’emploi, jusqu’ici très dynamique avec un taux de chômage au plus bas , à 3,6 %, montre des signes de ralentissement. Certains analystes, comme ceux de Wells Fargo et Bank of America, ont même avancé leurs prévisions et considèrent que les Etats-Unis pourraient entrer en récession avant la fin de l’année. « Je ne pense pas que nous soyons en récession, il y a trop d’indicateurs positifs. Un marché de l’emploi à ce niveau ne serait pas cohérent avec une récession », a soutenu ce mercredi Jerome Powell, alors que les chiffres de la croissance américaine au deuxième trimestre doivent être publiés ce jeudi.
Les marchés anticipaient, eux, la décision de la Fed et se montraient confiants, ce mercredi, quant à la fermeté de Jerome Powell sur le dossier de l’inflation. Les investisseurs réclamaient de la cohérence et soutenaient une hausse d’au moins trois quarts de point. La priorité, selon Wall Street, doit être donnée à la maîtrise des prix et des coûts. Après l’annonce de la Fed, le S&P 500 a clôturé en hausse de 2,6 %, tandis que le Nasdaq prenait 4 %.