
Publié le 28 juil. 2022 à 18:17
Le groupe Bel a vu sa rentabilité plonger au premier semestre 2022, témoin du choc encaissé depuis la guerre en Ukraine par le secteur agroalimentaire. Malgré des hausses de prix passées dès le mois de mars dans tous les pays, le propriétaire de la Vache qui rit et Babybel n’a pas réussi à compenser les surcoûts de production liés notamment à l’emballage ou aux matières premières. Conséquence, son résultat opérationnel a reculé de 37 %, à 69 millions d’euros, et le résultat net de 49 % est ramené à 34 millions. La marge opérationnelle tombe à 4 %, contre 6,4 % sur la même période l’an dernier.
« Il y a toujours un décalage dans le temps entre le tsunami inflationniste qui affecte l’ensemble de nos lignes de coûts et les effets des hausses de prix, indique aux « Echos » Cécile Béliot, la directrice générale de l’entreprise. Nos marges ont été durement affectées. Pour les restaurer, nous allons continuer à passer des augmentations. Je reste confiante sur notre capacité à faire croître le groupe ».
Des gains de parts de marché
En France, la hausse des prix sur le marché alimentaire devrait approcher les 10 % en moyenne à la rentrée. Dans le cadre des renégociations commerciales, le spécialiste du fromage a décidé de ne « rien cacher » aux distributeurs pour obtenir gain de cause. « Quand il n’y a pas d’autres choix, c’est plus facile de convaincre », note la dirigeante.
Pour l’instant, les ventes tiennent. Si le chiffre d’affaires est en léger retrait à 0,5 %, à 1,7 milliard d’euros, c’est un effet de périmètre lié à la cession de la marque Leerdammer l’an dernier. La croissance organique, elle, progresse de 11 %, avec des volumes en hausse. Malgré des prix plus élevés, les consommateurs continuent donc d’acheter des Mini Babybel et Boursin, « en forte croissance en Amérique du Nord et au Royaume-Uni », note le groupe.
Kiri est en forme en Chine, un marché plus récent. C’est plus compliqué pour La Vache qui rit, selon les pays. L’activité fruit (Materne, Pom’Potes…) affiche, elle, une solide progression à deux chiffres. « Nous avons réussi à gagner des parts de marché, se réjouit Cécile Béliot. Le comportement des consommateurs est le même partout. Soit il va chercher le premier prix pour un produit banal, Soit il préserve pour ses enfants un produit sain et pas copiable, comme nos mini Babybel, ou Pom’Potes ».
Même sa nouvelle offre de fromage à base végétal, lancée début 2022 aux Etats-Unis et en Angleterre fonctionne bien. « Nos ventes pour le Boursin végétal sont trois fois supérieures à nos prévisions », note la DG.
Des gammes simplifiées
Pour regagner en rentabilité, le groupe du Jura va engager un plan pour améliorer la productivité sur ses 25 unités. Il a étudié les formats, les produits et les recettes qui se vendent le mieux. Les autres seront au fur et à mesure stoppés provisoirement. Un travail de simplification a aussi été engagé, avec par exemple une harmonisation de la taille des portions de Babybel partout dans le monde, pour éviter les ruptures de charges dans ses usines.
« La crise est un accélérateur. Elle nous oblige à repenser le modèle opérationnel et à faire notre part, car c’est cela qui permettra de rester accessible au plus grand nombre », poursuit la directrice générale. En Afrique du Nord et au Moyen-Orient, où le pouvoir d’achat est plus contraint, le groupe familial veut retravailler ses recettes avec un approvisionnement local.
Ces efforts doivent aider le groupe à « accompagner la hausse des prix de ses fournisseurs », éleveurs ou producteurs de fruits, une chaîne fragile. « Ce qui est en jeu, c’est la suite », relève Cécile Béliot. Dans ce contexte, pour l’exercice, Bel se dit « vigilant face à une inflation qui se maintient à des niveaux très élevés et qui impactera encore très fortement la seconde partie de l’année ». Il vise un niveau « normatif de marges, avec un point de sortie au premier trimestre de 2023 ».