«Ces gens-là. » On connaissait la chanson du Grand Jacques, qui se moquait de la bourgeoisie bigote : « Chez ces gens-là / Monsieur / On n’pense pas / On prie. » Des paroles qui semblent aller comme un gant à Caroline Cayeux, la ministre des Collectivités territoriales. Car « ces gens-là » est également l’expression qu’elle a utilisée pour se justifier de ses propos homophobes, alors que la maire de Beauvais, issue de la grande bourgeoisie de l’Oise, est contestée jusqu’au sein du gouvernement. Et, ce 17 juillet, une tribune publiée dans le Journal du dimanche et signée par 129 personnalités de tous les milieux (associatif, politique, syndicaliste, scientifique) dénonce l’homophobie de la ministre. Son titre ? « À tous ces gens-là » .
Contre le mariage pour tous
Récapitulatif : en 2013, celle qui est alors sénatrice LR déclare, lors de l’examen de la loi sur le mariage pour tous, que « l’exigence du mariage homosexuel, et l’adoption des enfants qui va avec, n’est pas simplement un dessein qui va contre la nature », mais quelque chose de « plus grave, parce que l’on ne débat pas sur la question des limites : tout ce que je veux, et tout de suite, et qu’elles qu’en soient plus tard les conséquences ».
Surtout, depuis, celle qui est passée à la Macronie dès 2018 était invitée le 12 juillet sur Public Sénat pour s’expliquer. « Je maintiens évidemment mes propos. Mais j’ai toujours dit que si la loi était votée, je l’appliquerais. » Et d’ajouter : « Je dois vous dire quand même que j’ai beaucoup d’amis parmi ces gens-là. »
Des propos qui relèvent du domaine de la justice
Des propos qui ont évidemment provoqué l’indignation dans l’ensemble de la société et du milieu politique. Y compris au sein du gouvernement, où le ministre des Transports, Clément Beaune, a interpellé sa collègue : « Je fais partie de “ces gens-là”. Et je ne me tairai pas sur ce sujet. » La ministre a tenté ensuite un saut périlleux arrière, le 14 juillet, dans une opération de communication relayée par le Parisien, parlant de propos « stupides et maladroits » qui « remontent à dix ans ».
Pour les signataires de la tribune, ces propos qu’elle « a choisi de maintenir » relèvent du domaine de la justice : plusieurs plaintes ont déjà été déposées. Et de s’interroger : « Comment accepter qu’un membre de l’exécutif, dont le premier rôle est d’assurer l’application des lois, puisse appeler “ces gens-là” des citoyens français ? » Une question centrale à laquelle le gouvernement devra répondre. Pour l’heure, Élisabeth Borne soutient sa ministre.