
Après plus de six ans d’enquête et deux semaines de procès pour escroquerie en Suisse, Michel Platini – ancien président de l’UEFA- et Sepp Blatter -ancien président de la FIFA- ont été acquittés ce vendredi. Le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone n’a pas suivi les réquisitions du parquet, qui avait requis mi-juin respectivement un an et huit mois de prison avec sursis.
Quand le 29 juillet 2015, Michel Platini, alors président de l’instance européenne annonçait être candidat à l’élection pour la présidence de la Fifa, grand favori, il ne s’imaginait pas avoir à faire face quelque temps plus tard à la justice. En effet, à peine quelques mois après sa candidature qui le plaçait comme favori au poste de patron du football mondial, il était rattrapé par une affaire de gros sous pour un travail de conseiller sans contrat écrit avec le président de la FIFA, Sepp Blatter. Le 25 septembre de la même année, le procureur général de Suisse ouvrait une procédure pénale pour « gestion déloyale » et « abus de confiance » contre Sepp Blatter, soupçonné d’avoir effectué « un paiement déloyal » de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) en faveur de Platini, neuf ans après la fin de sa mission de conseiller du président de la FIFA en 2011.
La suite n’allait être qu’une succession d’enquête, de procédures pénales, de mises en accusations, de destitutions pour les deux hommes jusqu’à ce jugement. Mais après sept ans de rebondissements, le Français et le Suisse ont finalement été acquittés. « Un tribunal neutre a enfin constaté qu’aucun délit n’avait été commis dans cette affaire. Mon client est complètement blanchi et soulagé en conséquence, a commenté Me Dominic Nellen, l’avocat de Michel Platini. De son côté, l’ex-capitaine des Bleus s’est réjoui dans un court communiqué d’avoir « gagné un premier match », tout en faisant une nouvelle fois allusion à une manipulation politico-judiciaire destinée à l’écarter du pouvoir : « Dans cette affaire, il y a des coupables qui n’ont pas comparu au cours de ce procès. Qu’ils comptent sur moi, nous nous retrouverons. » Michel Platini soupçonne en particulier un rôle occulte de Gianni Infantino, son ancien bras droit à l’UEFA élu en 2016 à la tête de la Fifa, et visé depuis 2020 par une procédure distincte pour trois rencontres secrètes avec l’ancien chef du parquet suisse.
Est-on pourtant à la fin du dossier qui a terni l’image de l’ancien n° 10 des Bleus ? Rien n’est moins sûr à cet instant. Si le tribunal a jugé plausible le récit des deux accusés, et estimé que l’escroquerie n’était : « pas établie avec une vraisemblance confinant à la certitude » – appliquant donc le principe selon lequel le doute doit profiter à la défense-, l’éventualité d’un procès en appel n’est pas encore écartée. Le parquet a seulement indiqué vendredi qu’il déciderait de la suite de la procédure « dès qu’il disposera d’un jugement écrit et motivé. »