Wall Street accueille avec soulagement la décision de la Fed

Publié le 28 juil. 2022 à 15:58Mis à jour le 28 juil. 2022 à 16:51

Jerome Powell, nouveau héros de Wall Street ? Le gouverneur de la Réserve fédérale a su trouver les bons mots pour rassurer les investisseurs alors même qu’il annonçait une seconde hausse de taux consécutive de 75 points de base mercredi. De quoi porter les taux directeurs américains dans une fourchette de 2,25 % à 2,50 %, en hausse de plus de 2 points de pourcentage depuis le début de l’année.

Soutenus par des résultats d’entreprises plus résilients qu’attendu, notamment chez les mastodontes de la tech Microsoft et Alphabet, les indices américains ont bondi dans la foulée de la conférence de presse de la Fed. Le S&P 500 s’est adjugé 2,6 % tandis que le Nasdaq à forte coloration technologique s’est envolé de plus de 4 %, signant sa meilleure séance depuis avril 2020.

Un discours plus accommodant

« Le discours de Jerome Powell, plus « colombe » [accommodant, NDLR], a rassuré les investisseurs », souligne Christian Parisot d’Aurel BGC. Tout en insistant sur le danger posé par l’inflation élevée, le gouverneur de la Fed a laissé entendre que le rythme des hausses de taux pouvait ralentir au cours des prochains mois. « Les marges de manoeuvre sont étroites, mais Jerome Powell a défendu un scénario réconfortant pour les prochains mois avec une politique monétaire « modérément » restrictive et un atterrissage en douceur de l’économie américaine », ajoute-t-il.

Jerome Powell a évoqué plus d’une vingtaine de fois le risque de récession, pour le minimiser, et assuré que les prochaines décisions de politiques monétaires dépendraient de l’évolution des données économiques. En d’autres termes, « le pic de la rhétorique agressive de la Fed » semble avoir été atteint, selon Thomas Costerg de Pictet Wealth Management.

La réaction enthousiaste de Wall Street au discours de Jerome Powell a toutefois surpris plus d’un économiste. « Il n’est toujours pas certain que la Fed réussisse l’atterrissage en douceur, et il est en réalité peut-être déjà trop tard pour ce scénario », souligne Thomas Costerg. Les marchés obligataires reflètent ce pessimisme sur les perspectives économiques américaines.

Les investisseurs se sont précipités sur les obligations souveraines américaines jeudi après la publication de la première estimation du PIB américain au second trimestre, négative pour un deuxième trimestre consécutif, la définition commune d’une récession. Le rendement des Treasuries à 10 ans – qui évolue en sens inverse du prix- a franchi à la baisse 2,65 % avant de remonter légèrement, au plus bas depuis début avril dernier et à peine plus élevé que le nouveau taux directeur de la Fed.

Résultats d’entreprises

Le rebond des indices boursiers n’est pas forcément durable. La prochaine réunion de la Fed aura lieu le 23 septembre, et d’ici là, les investisseurs chercheront à glaner davantage d’informations sur la trajectoire de la politique monétaire américaine à l’occasion de la conférence de Jackson Hole, à la fin du mois d’août. Entre-temps, les indicateurs économiques et l’inflation resteront scrutés de près.

Car même si la Fed devait effectivement ralentir le rythme des hausses de taux, rien ne permet de garantir qu’il s’agira de la bonne décision. « Même si les Etats-Unis parvenaient à éviter une récession, ce résultat pourrait s’avérer contre-productif pour les actions », explique Peter Berezin de BCA Research. Dans ce scénario, « il est peu probable que la Fed réduise ses taux l’année prochaine, comme les marchés l’escomptent actuellement ». « Les rendements obligataires réels, qui ont déjà fortement augmenté cette année, devraient alors encore progresser, ce qui pèsera sur les valorisations des actions », ajoute-t-il.

En attendant d’y voir plus clair sur le futur rythme de hausse des taux, les investisseurs vont pouvoir prendre leur mal en patience en décortiquant les centaines de résultats d’entreprises publiés cette semaine. Sur la seule journée de jeudi, les publications d’entreprises représentant 9.400 milliards de dollars de capitalisation sont attendues, en particulier Apple et Amazon. Et la déception causée par Meta (ex-Facebook), qui a vu ses revenus reculer pour la première fois de son histoire, menace déjà de faire capoter le rebond boursier enclenché par la Fed. Wall Street s’enfonçait dans le rouge peu après l’ouverture jeudi après-midi, à commencer par le Nasdaq, en recul de 0,7 %.

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