Allocation de rentrée scolaire: la gauche et le majorité trouvent (enfin) un point d’accord

Ce n’est qu’une indignation partagée mais, entre la gauche et une partie de la majorité, c’est déjà beaucoup. Députés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) et ministres ont joint leurs voix afin de dénoncer une proposition de loi déposée par le groupe des Républicains de l’Assemblée « visant à encadrer l’utilisation de l’allocation de rentrée scolaire et à lutter contre la fraude ». Une tradition législative et polémique, déjà entretenue l’année dernière par l’ancien ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer qui avait affirmé que l’aide, dont la première partie a commencé à être versée cette semaine, était parfois détournée pour des achats d’écrans plats.

Mercredi, c’est le ministre délégué chargé du Renouveau démocratique Olivier Véran qui a inauguré la saison. « L’allocation de rentrée scolaire est utile et juste ! C’est une aide précieuse pour trois millions de familles pour financer les fournitures des enfants et faire face aux dépenses de rentrée. Arrêtons les stigmatisations », a réagi sur les réseaux sociaux celui qui est également porte-parole du gouvernement. Le ministre de la Ville et du Logement Olivier Klein, lui aussi transfuge du PS, lui a emboîté le pas le jeudi sur RTL.

Le bras de fer s’annonce aussi intense que jusqu’à présent dans l’hémicycle où l’examen des textes ne reprendra que début octobre

« Fantasme ». « Je n’en peux plus de cette stigmatisation des plus pauvres […] La rentrée scolaire est un moment difficile, où l’on puise dans l’argent que l’on a et même que l’on n’a pas […] Que cet argent soit utilisé pour une chose ou une autre, la réalité c’est que personne ne va faire de dépense inutile », a dénoncé le futur ex-maire de Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. « A chaque rentrée revient une petite musique sur l’utilisation de l’allocation de rentrée scolaire […] Faire peser un soupçon sur son utilisation est infondé et stigmatisant », a renchéri le ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse Pap Ndiaye, présenté comme l’antithèse de son prédécesseur.

« Une parole sage et utile du ministre » notamment saluée par le député écologiste des Yvelines Benjamin Lucas qui avait fustigé plus tôt « ceux qui ont refusé de taxer les superprofits, de conditionner les aides aux entreprises et s’en prennent maintenant aux plus pauvres, au cœur des vacances ». Sa collègue élue à Paris Sandrine Rousseau a évoqué pour sa part « une remise en cause de la capacité des parents les plus pauvres à s’occuper de leurs enfants ». De son côté, la sénatrice socialiste Laurence Rossignol a elle aussi moqué « le vieux fantasme des pauvres qui boivent l’argent des allocs ».

Malgré tout, la lune de miel entre la Nupes et l’aile gauche de la macronie n’aura pas lieu. Le bras de fer s’annonce aussi intense que jusqu’à présent dans l’hémicycle où l’examen des textes ne reprendra que début octobre, après un mois de septembre que l’exécutif veut mettre à profit pour roder sa méthode de « compromis » avec les députés. La traditionnelle passe d’armes autour de l’allocation de rentrée scolaire en est sans doute l’un des prémices.