
La réponse se faisait attendre. Plus d’un mois après leur interpellation par des députés du Parlement britannique qui leur demandaient d’expliquer leurs soudaines augmentations de frais, Visa et MasterCard ont détaillé les raisons derrière ce mouvement à la hausse.
Dans une lettre adressée cette semaine à la commission des Finances, les deux géants américains attribuent le changement de tarification à une « hausse du risque de fraude sur les transactions transfrontalières », ce qui induit des coûts de prévention et de traçage supplémentaires du côté des banques.
Des justifications qui sont loin de satisfaire les députés. « Toutes les entreprises, en particulier les petites et moyennes, sont confrontées à des coûts croissants sur de nombreux fronts, et l’augmentation des frais de paiements transfrontaliers ne fera qu’ajouter à ces pressions », regrette Mel Stride, qui préside la commission des Finances.
Changement post-Brexit
En octobre 2021, les deux géants du paiement – qui dominent le marché britannique – ont annoncé une augmentation de leurs commissions d’interchange sur les achats effectués par les citoyens britanniques auprès d’entreprises européennes et, également, sur les paiements effectués par les citoyens européens auprès d’établissements britanniques.
Ces frais passeront de 0,2 % à 1,15 % pour les cartes de débit, et de 0,3 % à 1,5 % pour les transactions par carte de crédit. Visa et MasterCard ont beau préciser que ces hausses de frais sont perçues par les banques émettrices des cartes de paiement, et non pas les systèmes de paiement, la pilule ne passe pas, même chez les géants du commerce.
Ainsi, dès le mois novembre 2021, Amazon annonce sa décision de ne plus accepter les cartes de crédit Visa britanniques à compter de janvier 2022, avant de faire volte-face quelques semaines après, compte tenu de l’hégémonie des deux géants américains.
Dans l’oeil du régulateur
Ces hausses de commissions surviennent dans un contexte bien précis. Suite à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les systèmes de paiement internationaux ne sont plus soumis à la réglementation européenne introduite en 2015, qui plafonne les commissions interchange.
Cette situation pousse le gendarme des paiements britannique (PSR) à lancer une enquête indépendante sur le sujet. En décembre dernier, l’organisme affirmait à la commission des Finances du Parlement qu’il n’y avait pas eu de hausse significative des coûts à même de justifier une augmentation des commissions interchange.
Le mois dernier, il a exprimé cette fois-ci son inquiétude quant à ces hausses de frais, qui pourraient laisser penser que le marché « ne fonctionne pas comme il se doit ». A terme, le PSR n’exclut pas, « le cas échéant », un plafonnement des commissions.