Conflit au Crédit Mutuel : Arkéa tente de relancer le dialogue avec la Confédération

La lettre est partie ce lundi. Dans un courrier expédié à Nicolas Théry, qui préside la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM), Arkéa tente une nouvelle fois, après des échanges infructueux au début de l’été, de sortir par le haut du conflit qui l’oppose depuis des années à l’organe central du groupe bancaire mutualiste.

Dans un communiqué publié lundi en fin de journée, la fédération rebelle du Crédit Mutuel indique avoir approuvé « un projet détaillé » en vue de définir « un cadre d’autonomie garantie » pour Crédit Mutuel Arkéa. « Si des discussions ordonnées s’ouvraient sur la base de ces propositions, alors le mandat donné par le conseil d’administration de Crédit Mutuel Arkéa en 2018 à ses dirigeants pourrait évoluer », indique le groupe.

Une petite révolution

Derrière les termes techniques, c’est une petite révolution. Le groupe basé au Relecq-Kerhuon (Finistère) se dit ici prêt à renoncer à l’objectif qu’il s’est fixé – en vain jusqu’ici – depuis quatre ans : la « désaffiliation » – qui revient à quitter purement et simplement le groupe Crédit Mutuel. Sans le remiser à ce stade, Arkéa – qui vient de présenter des résultats semestriels au plus haut – le présente plutôt désormais comme un scénario auquel il pourrait seulement être « contraint » pour « préserver son autonomie ».

En quoi consiste cette « autonomie stratégique » qu’Arkéa appelle au contraire de ses voeux ? Il s’agirait tout d’abord « que soit explicité qu’à la différence des organes centraux de BPCE ou de Crédit Agricole, la Confédération n’oriente pas la stratégie et la politique commerciale du groupe », explique Julien Carmona, le président de Crédit Mutuel Arkéa , dans un entretien aux « Echos ». Pour lui, des projets stratégiques communs pourraient néanmoins être bâtis, par exemple pour définir une politique « climat ».

« Veto stratégique »

Il demande ensuite la reconnaissance d’une « libre concurrence » au sein du groupe, comme entre Suravenir (assurance) ou Fortuneo (banque en ligne) et les Assurances du Crédit Mutuel (ACM) ou Monabanq. « Si l’on ne reconnaît pas cette situation, c’est la thèse inverse à la mienne qui prévaut : on appartient à un groupe uni, et dans ce cas il faut un seul centre de décision. Et dans ce cas, je peux vous dire que je ne sais pas où il est, à Paris ou à Strasbourg, mais en tout cas pas chez nous », dit Julien Carmona.

Arkéa, qui insiste sur son « acceptation sans ambiguïté des pouvoirs prudentiels de l’organe central », demande aussi des garanties en tant que fédération de plus petite taille. Sa « demande numéro 1 » est celle du « veto stratégique » qu’il pourrait activer « face à un sujet stratégique majeur », pour éviter par exemple le rapprochement entre deux filiales. Parmi ses autres demandes, « une procédure de sanction plus impartiale », ou encore la possibilité laissée aux groupes régionaux de « disposer librement de leurs propres marques et signalétiques », un sujet à la fois symbolique et particulièrement épidermique.

Reste à voir quel accueil la Confédération réservera à ces nouvelles propositions, entre tentation d’en finir avec un si long conflit, et défense de ses propres lignes rouges.