
Emmanuel Macron va réunir ce vendredi un Conseil de défense intégralement dédié aux questions énergétiques. Pour l’exécutif, il s’agira d’évaluer les forces de production énergétiques du pays.
La crise sanitaire liée au Covid-19 nous avait habitués aux conseils de défense : en voici un d’un genre nouveau, qui va faire son entrée dans les travées du Palais de l’Élysée. Le président Emmanuel Macron va réunir, ce vendredi 2 septembre, un Conseil de défense énergétique exceptionnel.
Dans un contexte de hausse massive des prix de l’énergie, ce rendez-vous devra permettre à l’exécutif de mettre sur la table un panel de solutions pour éviter que le marché ne s’enflamme en France. La Dépêche du Midi fait le point sur les enjeux de cette nouvelle concertation.
Pourquoi un Conseil de défense énergétique ?
Selon nos confrères de Franceinfo, il s’agira lors de ce conseil de revenir sur “l’approvisionnement en gaz et en électricité en vue de l’hiver”. Au sein de l’exécutif, une source affirme que les “intérêts vitaux du pays et des Français” viennent justifier ce format
Le président de la République et les ministres présents lors de ce rendez-vous entendent faire un point sur la production et les forces de production énergétiques du pays : “L’approvisionnement en gaz et en électricité étant un intérêt vital pour le pays, le Conseil de défense et de sécurité nationale (SDSN) aura pour objectif de faire le point sur la situation ainsi que sur les scénarios envisagés pour se préparer à tous les cas de figure cet automne et cet hiver”, explique un conseiller de l’Élysée auprès de l’Agence France Presse.
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L’exécutif souhaite entre autres évaluer les approvisionnements en gaz russe avant l’hiver : l’énergéticien français Engie a en effet annoncé ce mardi 30 août que le géant russe Gazprom l’avait informé de réductions supplémentaires et immédiates de ses livraisons de gaz.
Qui sera présent lors de ce conseil ?
Le président de la République, Emmanuel Macron entend réunir autour de la table la Première ministre Elisabeth Borne, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire ou encore la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. Avant ce rendez-vous, les ministres qui assisteront à ce rendez-vous vont recevoir une formation de la part de la climatologue membre du Giec, Valérie Masson-Delmotte, lors d’un séminaire consacré à l’écologie prévu ce mercredi 31 août à l’Elysée.
Pourquoi la tenue d’un nouveau conseil de défense interroge ?
Ce format du conseil de défense a été largement plébiscité par Emmanuel Macron depuis 2017. L’article 15 de la Constitution française permet au chef de l’État d’en organiser comme il l’entend. Cet outil a entre autres permis au président de la République de piloter la récente crise sanitaire. Ces conseils de défense, plutôt rares jusque-là, sont devenus de plus en plus nombreux sous le mandat de François Hollande, notamment à la suite des attentats de 2015 et ceux de Nice en 2016.
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Ce qui interroge avant tout, c’est le silence qui règne autour de ces conseils. Les délibérations restent souvent protégées par le “secret-défense”, et l’exécutif n’est pas tenu d’en dresser un compte rendu auprès de la presse. Les détracteurs de cette instance estiment par ailleurs que le Parlement, députés et sénateurs, sont mis sur la touche face à des décisions qui concernent pourtant tous les Français.
“Un conseil de défense énergie, pour moi, c’est le secret. Le conseil des ministres, je vois ce que c’est ; l’Assemblée, je vois ce que c’est ; le Sénat, je vois ce que c’est, c’est prévu dans la Constitution. Le conseil de défense, ça n’existe pas”, a critiqué mardi sur LCI le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou.
D’autres parlementaires ont également pointé du doigt le choix de l’exécutif.
Conseil de défense de l’énergie, Conseil national de la refondation : non, @EmmanuelMacron n’a pas compris que c’est au Parlement que cela doit se passer, il n’y a plus d ‘état d’urgence même s’il y a des crises.
— Jérôme Bascher (@JeromeBascher) August 30, 2022
Ce mardi 30 août, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, grand habitué des conseils de défense, a justifié sur franceinfo la discrétion des discussions qui auront lieu : “Il y a des sujets de l’ordre de la sécurité nationale et à haute valeur stratégique”, expliquant notamment que des renseignements sensibles liés à la guerre en Ukraine y seront évoqués. Il a tout de même souhaité rassurer : “Il y aura des communications régulières, je ne sais pas encore quelle forme ça prendra mais c’est fondamental de le partager […] Ne voyez pas ça comme une enceinte secrète de discussion.”