Crédit immobilier : Bercy met la pression sur les banques

Alors que Bercy vient de demander un effort aux banques sur les frais pour protéger le pouvoir d’achat des Français, le gouvernement remet une couche sur le crédit immobilier. Il veut inciter les banques à ralentir la hausse des taux d’intérêt afin de permettre aux ménages qui le souhaitent d’accéder à la propriété, un « impératif », selon le ministre de l’économie et des finance Bruno Le Maire.

Cette question était notamment à l’ordre du jour d’une réunion technique – révélée par « Le Parisien » – qui a eu lieu au ministère ce mercredi, en présence de représentants du secteur bancaire. « Si pour qu’un dossier de crédit passe, il faut que les banques fassent un petit geste sur les taux, rien ne les en empêche », dit aux « Echos » une source proche de Bercy.

Ce geste pourrait d’ailleurs également apporter une réponse à la question du taux d’usure, devenue ces derniers mois la bête noire des banques et des courtiers. Selon les professionnels, ce taux d’usure, qui correspond au maximum auquel une banque peut prêter de l’argent, serait responsable du blocage de certains dossiers. En cause, le fait que ce taux remonte beaucoup plus lentement que les taux du marché, étant donné sa méthode de calcul et qu’il n’est réactualisé que tous les trois mois.

« Expertise » sur le taux d’usure

Bercy assure être particulièrement vigilant sur ce sujet. Une « expertise » est en cours, assure-t-on au ministère. Mais la solution à apporter est loin d’être évidente. Pour le moment, le gouvernement se refuse à revoir la méthode de calcul du seuil de l’usure. Y toucher, alors qu’il vise à protéger les Français du risque de surendettement, ne serait pas opportun alors que la santé financière des ménages se dégrade avec l’inflation galopante.

Retirer l’assurance emprunteur du calcul du TAEG, comme le proposent certains professionnels, « reviendrait à truquer un thermomètre au motif qu’on estime qu’il affiche une température désagréable », abonde la Banque de France, sollicitée par « Les Echos ». Mais Bercy ne veut pas sa satisfaire du statu quo. « Si des Français sont bloqués pour des raisons techniques et pas pour des raisons financières, il y a un sujet », reprend la source proche du ministère.

Production de crédit importante

Résultat, inciter les banques à ralentir la hausse des taux peut, de façon momentanée, régler le problème. « Les banques se sont gavées de crédit immobilier ces deux dernières années qui ont été des records, glisse un courtier. C’est encore le cas depuis le début de l’année. Pas étonnant que Bercy leur demande de se calmer sur la hausse des taux. »

Au premier semestre, les grandes banques françaises ont en effet réalisé une forte production de crédit immobilier, malgré le contexte économique. Depuis le début de l’année, la production de crédits à l’habitat accordés aux particuliers a augmenté chaque mois de plus de 6%. Les banques ont cependant prévenu que la fin de l’année pourrait être plus difficile.

Selon la Banque de France, le taux d’usure n’a pas pénalisé le marché, contrairement à ce qu’affirment les professionnels depuis plusieurs mois. « La distribution des crédits à l’habitat est restée abondante, en nombre et en montant, assure l’institution. Environ un prêt sur deux finance un projet de primo-accession à la propriété. Parmi les primo-accédants, 20 % environ sont des ménages dits modestes ».

Les banques disposent encore d’une importante marge de manoeuvre sur les taux. A la fin du mois de juin, les taux moyens de crédit immobilier se sont établis à 1,35 %, contre un taux d’usure à 2,6 %. Ce dernier doit d’ailleurs augmenté le 1er octobre prochain.

La Banque de France a pris des mesures pour que son calcul colle plus au marché. Depuis mai, elle procède à une collecte mensuelle des taux auxquels prêtent les banques et non plus à une collecte trimestrielle, ce qui « permet d’actualiser les taux d’usure au plus près des évolutions de marché les plus récentes du trimestre ». Ce dispositif sera maintenu « aussi longtemps que nécessaire, en accord avec la profession bancaire », dit l’institution.

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