Cryptos : Singapour veut mieux protéger les particuliers

Singapour restera-t-il un havre de paix pour les cryptos ? L’Autorité monétaire (MAS) de la cité-Etat veut établir des règles plus strictes pour lutter contre la spéculation autour des cryptoactifs, notamment en matière d’effets de levier et de facilités de crédit pour les particuliers.

Durant une conférence en ligne intitulée « Oui à l’innovation dans les actifs numériques, non à la spéculation sur les cryptomonnaies », lundi, le directeur général de la MAS, Ravi Menon, a souligné « l’inconscience » des investisseurs autour de cette classe d’actifs très volatils.

Si l’autorité reconnaît qu’il est impossible d’interdire l’accès aux cryptomonnaies étant donné la globalisation du secteur, elle veut tout de même l’encadrer davantage pour les investisseurs particuliers. Elle propose d’inclure des tests auprès des clients pour déterminer leur aptitude à investir. Ces nouvelles règles seront discutées lors d’une consultation d’ici octobre, dans ce pays qui a longtemps été considéré comme favorable au développement de l’écosystème crypto.

Chute du Terra USD

La MAS veut aussi assurer de meilleures garanties sur les monnaies numériques stables , ces actifs numériques adossés à une monnaie fiduciaire telle que l’euro ou le dollar ou encore à l’or. Elle pourrait notamment inciter les entreprises qui émettent ces actifs à avoir une certaine quantité de réserves et à assurer un remboursement aux clients sur une période déterminée.

Ces derniers mois, la question de la solidité des monnaies numériques stables s’est hissée au premier plan après les déboires du Terra USD qui a engendré quelque 40 milliards de dollars de pertes. Ce jeton adossé au dollar s’est effondré en mai, dans le sillage des principales cryptomonnaies , créant un séisme assorti de faillites en cascade.

Singapour en a particulièrement fait les frais. Parmi les entreprises qui ont mis la clé sous la porte, plusieurs étaient basées sur l’île, à l’instar de Three Arrows Capital et Zipmex. Un troisième acteur, Hodlnaut, est lui aussi en grande difficulté financière.

Nouvelle régulation

Si l’autorité reste relativement favorable aux usages de la blockchain par les entreprises, une régulation plus importante du secteur est bien en marche.

Singapour a déjà commencé à serrer la vis. La publicité pour les produits financiers liés aux cryptoactifs a été interdite en janvier, et les entités du secteur doivent désormais se déclarer auprès des autorités pour exercer, même celles qui n’ont que des clients étrangers. Pour l’heure, seules dix sociétés ont le droit de vendre des actifs numériques alors qu’on dénombre plus de 200 demandeurs. En décembre dernier, le champion mondial du trading de cryptoactifs Binance avait renoncé à obtenir une autorisation d’exercice sur l’île.

Ailleurs dans le monde, le mouvement est déjà lancé. Aux Etats-Unis et en Europe, les autorités financières tentent d’encadrer progressivement ce nouvel écosystème .

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