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En Italie, Crédit Agricole dans le viseur de l’extrême droite

L’arrivée potentielle de l’extrême droite au pouvoir en Italie n’est pas une bonne nouvelle pour Crédit Agricole. La banque française, qui a pris en avril 9,8% du capital de Banco BPM et cherche à étendre son partenariat avec la troisième banque italienne, a été prise à partie mi-août par un proche conseiller de Giorgia Meloni, la présidente de Fratelli d’Italia qui pourrait remporter les élections législatives anticipées du 25 septembre.

« Pendant que nous discutons de petites histoires politiciennes, le Crédit Agricole poursuit son ascension pour devenir le deuxième pôle bancaire italien et contrôler notre épargne, a tweeté mi-août Guido Crosseto, son bras droit et principal relais auprès de la communauté économique. Sera-ce au tour d’Anima après Pioneer ? Ce n’est pas une question de marché, mais de politique ».

Anima est un gestionnaire d’actifs dont Banco BPM est actionnaire à hauteur de 19,4%. Pioneer a été repris en 2016 à UniCredit par Amundi, la filiale de gestion d’actifs de Crédit Agricole. Officiellement, ce dernier n’a pas l’intention de racheter Banco BPM, mais le groupe, qui travaille déjà avec la banque italienne dans le crédit à la consommation, cherche à devenir son partenaire dans l’assurance . Crédit Agricole n’a pas commenté.

« Colonisation française »

Reste à savoir si la coalition de droite, menée par Fratelli d’Italia et placée en tête des sondages, pourra effectivement peser sur l’appel d’offres ouvert par Banco BPM en cas de victoire aux élections législatives. Après le gouvernement du proeuropéen Mario Draghi, le climat politique menace en tout cas de devenir plus hostile pour le groupe français, qui a fait de l’Italie son deuxième marché domestique après la France.

En acquérant cette année la banque régionale Creval pour 850 millions d’euros, il s’était déjà attiré les foudres de Giorgia Meloni, qui dénonçait alors « le cadeau fait au Crédit Agricole en lui laissant prendre le contrôle de la banque italienne Creval ». La patronne de Fratelli d’Italia avait aussi fustigé la « colonisation française de Borsa Italiana » suite à son achat par l’opérateur boursier paneuropéen Euronext .

La passionaria de la droite transalpine s’était également faite l’écho de la mise en garde du Comité parlementaire pour la sécurité de la République (COPASIR) concernant les appétits des groupes français et allemands pour les entreprises transalpines. Au-delà de Crédit Agricole, BNP Paribas, également très présent en Italie, pourrait donc lui aussi faire les frais de la potentielle arrivée au pouvoir du parti.

Mais c’est aussi le cas de la finance au sens large. « Si la droite gagnait les élections législatives en 2023, les marchés financiers puniraient l’Italie », s’alarmaient au printemps les analystes de Goldman Sachs. « Les banquiers qui pensent à leurs intérêts personnels ont peur, mais le jugement des électeurs finira par arriver », rétorquait Giorgia Meloni. « Je m’occuperai plus des retraités et moins des instituts de crédit », promet-elle.

La finance dans le viseur

Giorgia Meloni a prévu une tournée cet automne à Milan, Francfort, Londres et New-York. Mais avant de rassurer la communauté financière sur ses intentions, elle veut surtout convaincre les électeurs italiens. « L’intérêt national sera notre boussole », promet-elle en prévision de la tempête que son élection pourrait provoquer sur les marchés.

D’importants dossiers restent à traiter dans le secteur bancaire. A commencer par celui de Monte dei Paschi (BMPS). La banque siennoise lancera cette année une augmentation de capital de 2,5 milliards d’euros, dont 1,6 milliard apporté par l’Etat, son principal actionnaire (64,23%). Le ministère de l’Economie n’a pas réussi à vendre sa participation avant la fin de l’an dernier, la date butoir initiale fixée avec la BCE.

« Trouver un repreneur sera ardu et tout dépendra du prochain ministre de l’Economie, estime une source proche du dossier. Mais la possible arrivée au pouvoir de Fratelli d’Italia, qui voulait nationaliser la Banque d’Italie et critiquait la rapacité des banquiers, n’est pas rassurante. Les opérations de M&A risquent sérieusement de se compliquer ces prochains mois ».

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