
Une situation « que l’on n’avait pas vue depuis dix ans ». Dans un langage inhabituellement direct, la Banque centrale européenne (BCE) a prévenu, mardi, contre les risques que pourrait présenter pour les banques la rapide remontée des taux dans la zone euro, et dans le monde. Et de pointer d’ores et déjà – sans plus de détail sur leur identité – 31 banques de la zone monétaires qui font désormais l’objet d’une « surveillance renforcée » (« closer scrutiny »).
La remontée des taux – après des années d’une politique monétaire ultra-accommodante – est suffisamment rapide et porteuse de risque pour avoir déclenché une « revue » de la sensibilité des banques à cette nouvelle donne, dont une première phase s’est conclue en mai dernier, et dont la BCE vient de livrer la teneur.
Exposition à la dette souveraine
Selon des résultats préliminaires, le risque de voir remonter les taux d’emprunt des entreprises ou des pays considérés comme moins fiables « peut être une source importante de pertes, notamment en ce qui concerne l’exposition à de la dette souveraine, ou à d’autres institutions financières ».
Un tel scénario pourrait se produire, par exemple, si un gouvernement plus nationaliste venait à succéder à celui de Mario Draghi , jusqu’ici rassurant pour les marchés. Si la BCE ne donne aucun détail sur les établissements concernés, des banques italiennes ou les filiales italiennes des banques françaises pourraient être concernées dans un tel cas de figure.
Effets favorables
Dans le même temps, la hausse des taux aura bien sûr des effets favorables pour les établissements , souligne également la BCE. Les banques pourront notamment augmenter le prix des crédits accordés aux clients, ce qui sera favorable à leurs revenus, faisant plus que compenser l’effet défavorable de la hausse des taux, à savoir que la hausse du coût de leur ressource.
Cette première phase achevée, la BCE poursuit son examen du secteur jusqu’à la fin de l’année. Ses conclusions pourraient alimenter la surveillance exercée individuellement sur les banques de la zone euro, et donc potentiellement provoquer des exigences supplémentaires en fonds propres au cas par cas.
Comment affronter la montée des incertitudes ?
Inflation, hausse des taux d’intérêt, Ukraine et maintenant incertitude politique, les chocs se multiplient. Pour évoluer dans un environnement de plus en plus complexe, l’expertise de la rédaction des Echos est précieuse. Chaque jour, nos enquêtes, analyses, chroniques et édito accompagnent nos abonnés, les aident à comprendre les changements qui transforment notre monde et les préparent à prendre les meilleures décisions.