
Franck Martinez se prépare pour un immense défi : les championnats du monde d’Ironman à Hawaï, le 8 octobre. Une course extraordinaire à laquelle le Tarnais de 38 ans va participer pour la première fois.
La course est dans un peu plus d’un mois, dans quelle phase de votre préparation êtes-vous ?
Là, c’est la phase de charge. Il faut accumuler pas mal de kilomètres et d’intensité, avant d’entamer une phase de récupération et de régénération à partir de mi-septembre. Je pars le 1er octobre pour m’acclimater et digérer le décalage horaire. L’entraînement est plus exigeant pour le format Ironman. En natation et vélo je peux faire la distance, mais en course, je ne peux pas faire des marathons à l’entraînement. Je me contente de faire une trentaine de kilomètres.
Partir aux championnats du monde à Hawaï, c’était un objectif ?
C’était un rêve, pas un objectif à tout prix. C’est le Graal d’aller là-bas, c’est comme le Tour de France pour un cycliste. Quand on dit qu’on est allé à Hawaï c’est qu’on s’est qualifié, ce n’est pas rien. Moi ça va, je ne l’ai jamais eu trop en tête, donc ça m’enlève une pression. C’est mon premier et ça représente un budget, il y a déjà 1 200 € d’engagement pour s’inscrire. Je vais profiter de tout ce que je peux dans la course. Réussir à la finir et prendre du plaisir. Le climat est le paramètre le plus dur, pas la course en elle-même. Il y a du vent, 80 % d’humidité, et une température autour des 35 degrés. J’ai fait celui de Barcelone, deux fois Nice, une fois Vichy et Aix-en-Provence aussi. L’eau ne va pas être pareille en plein milieu de l’océan Pacifique.
Quel est le secret pour réussir sa course ?
Il faut essayer de ne pas trop en faire. En natation, il ne faut pas se cramer en partant trop vite, en voulant suivre les plus forts. Il faut en garder sous le pied tout le long. Selon moi, la course commence au centième kilomètre à vélo. Ensuite pour la course à pied, c’est la tête qui fait avancer les jambes. Et c’est là où se font les écarts. Mon meilleur temps, c’était à Vitoria-Gastes dans le Pays basque espagnol, j’ai fait 9 heures et demie. J’étais encore loin des premiers, mais j’avais fait une course à mon niveau, sans me laisser aspirer par ceux dans les premières positions.
L’adrénaline que ça provoque, c’est une drogue
Après un Ironman, dans quel état est-on ?
J’ai fait sept Ironman, et sur mes trois derniers, je suis resté immobile sur ma chaise longue pendant une heure. Mon dernier était celui d’Aix en Provence au mois de mai, pendant les premières chaleurs. Je n’étais pas acclimaté et j’ai souffert, notamment de l’alimentation pas bien faite sur le marathon, j’ai mis du temps à m’en remettre. La déshydratation nous fait perdre beaucoup de capacité physique. Quand on arrive, en gros, on est épave et tout part en vrille dans le corps. Quand on finit on se dit “plus jamais ça”, et une semaine après on cherche une nouvelle course. L’adrénaline que ça provoque est une drogue L’Ironman, ce n’est pas donné à tout le monde.
Comment avez-vous commencé les épreuves de triathlon ?
J’étais cycliste, pendant une quinzaine d’années. Je faisais pas mal de cyclo-cross. Avant 30 ans, je n’avais jamais entendu parler de triathlon. Et puis Jalabert à un peu popularisé la discipline dans le coin, des amis cyclistes s’y sont mis et j’ai suivi. Il y a un aspect compétition qui me manquait dans le cyclisme.
Vous partez à Hawaï sans sponsor, le ticket d’entrée est déjà cher, il y a aussi le matériel… Comment finance-t-on tout ça ?
Je suis en reconversion professionnelle en plus… Mais bon, en mettant de côté je m’en sors. Exceptionnellement, j’ai fait une cagnotte Leetchi. Elle est disponible sur mon Facebook (Franck Martinez). Je n’aime pas faire ça, demander de l’argent aux autres, mais bon. Il y a pas mal de personnes qui ont suivi mon histoire. Ma vie et celle de ma conjointe sont un peu en pause ces derniers temps. J’ai un enfant de 2 ans et demie hospitalisé depuis près d’un an. Et quand je vois comment il se bat, je me dis que je n’ai pas le choix et que je dois me battre aussi pendant la course.