
Pour le spécialiste du paiement fractionné Klarna, la rentabilité est un horizon lointain . La fintech suédoise a annoncé mercredi 6,2 milliards de couronnes de pertes (581 millions de dollars) au premier semestre, soit plus de quatre fois ce qu’elle avait perdu sur la même période en 2021 (1,4 milliard de couronnes).
Klarna explique ces pertes par ses importants investissements, dont l’intégration de nouvelles acquisitions comme PriceRunner (NDLR), une augmentation des coûts de personnel ainsi qu’une hausse des défauts de crédit que l’entreprise attribue à « la poursuite de son expansion » et à la conquête de nouveaux clients.
« Nous avons eu quelques années où la croissance a été très fortement priorisée par les investisseurs. Maintenant, c’est compréhensible, ils veulent voir la rentabilité », s’est justifié dans un communiqué le directeur général Sebastian Siemiatkowski. En effet, jusqu’à présent, les importantes pertes que réalisait la fintech n’inquiétaient pas les investisseurs. Mais le retournement du contexte économique a érodé la confiance que ces derniers accordaient aux jeunes pousses de la tech.
Inquiétude sur le paiement fractionné
Le secteur naissant du paiement fractionné, dans sa globalité, est également touché par la baisse de la consommation provoquée par l’inflation ainsi que par la vigilance grandissante des autorités financières qui voient dans ces nouveaux pourvoyeurs de crédit le risque d’une explosion de l’endettement.
Pour montrer sa volonté d’atteindre l’équilibre, Klarna a annoncé en mai dernier la suppression de 10 % de ses effectifs, soit 700 personnes. Par ailleurs, la société a promis qu’elle allait « resserrer son approche sur les défauts de crédit ». « Nous prêterons un peu moins parfois, en particulier à nos nouveaux clients, pour les encourager à prendre la bonne décision pour eux et pour Klarna dans des circonstances économiques changeantes », précise Sebastian Siemiatkowski dans le communiqué.
Avec ces mesures prises avant l’été, Klarna cherchait à rassurer ses investisseurs afin de mener à bien une nouvelle levée de fonds. La fintech y est parvenue en juillet, mais dans des conditions bien moins favorables qu’auparavant : elle a obtenu 800 millions de dollars mais pour une valorisation de 6,7 milliards de dollars. Soit une chute de 85 % de sa valeur en à peine un an. « Les changements stratégiques annoncés en mai, recentrant l’attention sur la rentabilité aux côtés de la croissance, sont implémentés en ce moment et apparaîtront dans les résultats financiers sous peu », tente de rassurer l’entreprise.
Au-delà des pertes, la société assure en effet poursuivre sa croissance. Son chiffre d’affaires a progressé de 24 %, à 9,1 milliards de couronnes (950 millions de dollars) sur les six premiers mois de l’année et elle compte aujourd’hui 150 millions de clients répartis dans 45 pays. Cette croissance est en particulier portée par les Etats-Unis, explique Klarna, avec des volumes de transactions en hausse de 109 % par rapport à l’an dernier et 30 millions de clients.