La Chine s’enfonce dans la crise et décide une baisse de taux surprise

Le ralentissement économique s’aggrave en Chine sous la pression la crise immobilière et de la politique zéro Covid, ce qui a incité la Banque centrale à agir pour tenter de soutenir l’activité future. Dans un mouvement visant à soutenir le crédit et l’activité, la Banque populaire de Chine (PBoC) a abaissé deux de ses principaux taux directeurs. Inattendu, ce geste reste toutefois limité, avec une réduction de dix points de base, à 2,75 %, le taux de sa facilité de prêt à moyen terme et celui de ses prises en pension inversées à sept jours, à 2 %.

« Avec une croissance du crédit moins réactive que par le passé aux mesures d’assouplissement, cela ne sera sans doute pas suffisant pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation économique », estime toutefois Julian Evans-Pritchard, chez Capital Economics. « Le soutien politique de Pékin pourrait être trop faible, trop tardif et trop inefficace », jugent les économistes de Nomura, pour qui « les marchés sont trop optimistes quant à la croissance au second semestre ».

Ralentissement

Publiés ce lundi, les indicateurs concernant les ventes de détail, la production industrielle et l’investissement ont tous ralenti en juillet, surprenant négativement les économistes. Ce ralentissement n’est pas sans conséquences sociales : le taux de chômage des 16-24 ans s’est hissé à 19,9 % le mois dernier, un record. Alors que 10 millions d’étudiants arrivent en ce moment sur le marché de l’emploi, ce taux de chômage inédit est un vrai casse-tête pour le Parti communiste à la veille d’un congrès majeur cet automne qui doit octroyer au président Xi Jinping un troisième mandat à la tête du pays.

Pour un Parti obsédé par la stabilité, l’année 2022 ne se déroule pas du tout comme prévu. Après avoir échappé de justesse à la contraction au deuxième trimestre en raison des multiples confinements dont celui de Shanghai, l’activité chinoise peine à se redresser. « Les données économiques de juillet sont tout simplement mauvaises. Le pays est à nouveau en décélération dans tous les domaines », constatent les économistes de la Société Générale.

Perspectives qui s’assombrissent

En juillet, la production industrielle a augmenté de 3,8 % seulement sur un an (après +3,9 % en juin), les ventes au détail, qui avaient rebondi de 3,1 % en juin, n’ont augmenté que de 2,7 %, la croissance de l’investissement se limite à 3,6 % contre 5,8 % le mois précédent. « Les exportations sont le seul point positif, mais les perspectives s’assombrissent en raison du ralentissement en Occident et des tensions géopolitiques », poursuit la Société Générale. « Le ralentissement [de juillet] a été principalement entraîné par une résurgence des cas de Covid, les mesures draconiennes de confinement et leur impact économique, ainsi que la chute du secteur immobilier », explique-t-on chez Nomura.

La politique zéro Covid reste la priorité du régime communiste. Elle a encore été réaffirmée fin juillet lors d’une réunion du Politburo consacrée aux priorités économiques présidée par Xi Jinping. Totalement absent des comptes rendus, l’objectif officiel d’une croissance annuelle du PIB autour de 5,5 % semble aujourd’hui enterré. Et pour cause : à moins d’un coup de baguette magique sur les données statistiques, il est totalement hors d’atteinte. La situation a déjà conduit de nombreux économistes à revoir à la baisse leurs prévisions. « Notre prévision de PIB de 2,7 % peut encore s’avérer trop optimiste, prévient Wei Yao, de la Société Générale. La trajectoire de juillet indique un taux de croissance du PIB inférieur à 2 % pour 2022, si les décideurs restent lents à réagir ».