
Après la canicule, la sécheresse et les feux de forêts, ce sont désormais de violents orages qui viennent perturber un été très compliqué sur le plan climatique. Mardi en fin de journée, les fortes pluies qui se sont abattues sur Paris ont provoqué l’inondation de plusieurs artères ainsi que de certaines stations de métro. La capitale n’était pas la seule concernée : certaines rues du centre-ville de Marseille ont également été submergées après le débordement du Vieux port. Une partie du palais de justice a aussi été partiellement envahie par les eaux. Malgré le retour à la normale, le risque météorologique est toujours présent puisque treize départements étaient encore placés mercredi en vigilance orange, notamment sur le pourtour méditerranéen et sur les côtes normandes.
Et cette litanie semble loin d’être terminée puisque la France pourrait bien connaître une nouvelle vague de chaleur dès la semaine prochaine. Si le temps promet d’être globalement sec, « les températures s’orientent à la hausse et deviennent bien supérieures aux normales de saison », avance prudemment Météo France. « Les 40°C pourraient être à nouveau atteints dans le sud », projette de son côté La Chaîne Météo. C’est donc sous une chaleur à nouveau étouffante que risque de se dérouler la rentrée politique lancée entre autres par les universités d’été des différents partis de gauche.
« Inaction ». Parmi eux, les écologistes en particulier ne décolèrent pas contre le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu. Depuis son entrée au gouvernement début juillet, l’ancien maire d’Angers est pointé du doigt par les oppositions pour sa faible visibilité et son manque d’implication au cœur de la crise. Une phrase concentre notamment les critiques. « La pente est de bien faire comprendre à nos concitoyens qu’il va falloir s’habituer, compte tenu du réchauffement climatique, à des épisodes de ce type », a réagi Christophe Béchu au début du mois en marge d’un déplacement consacré à l’épisode de sécheresse historique que connaissent plusieurs régions.
« Le gouvernement n’essaie même plus de faire semblant d’essayer de s’attaquer au problème »
« La situation est critique, on paie l’addition de vingt ans d’inaction face au dérèglement climatique et le ministre nous dit qu’il ne changera rien. Le gouvernement n’essaie même plus de faire semblant d’essayer de s’attaquer au problème. En disant qu’il faut vivre avec, le ministre dit en réalité que l’inaction sera sa seule clé d’action », vilipende la député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) du Bas-Rhin Sandra Regol. Au-delà du débat sur les solutions, la multiplication des sinistres liés aux épisodes météorologiques extrêmes presse surtout le gouvernement d’agir. Après le lancement par Elisabeth Borne d’une cellule interministérielle de crise en réponse à la sécheresse, le ministre de l’Action et des comptes publics Gabriel Attal a annoncé mardi la mise en place d’une autre cellule dédiée aux ménages, entreprises et collectivités impactés par les incendies de ces dernières semaines.
« Poil à gratter ». Si des aides fiscales leur seront ainsi apportées, le front météo pourrait bien continuer de mobiliser l’exécutif pendant un moment. La succession des canicules, la sécheresse des sols et la température élevée de la mer Méditerranée font ainsi planer le risque de sérieuses inondations avec le retour des pluies à l’automne. Une perspective pas encore établie mais prise très au sérieux par, entre autres, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers. La ville de Cannes a notamment pris les devants en lançant d’ores et déjà des opérations de nettoyage afin de faciliter l’écoulement des eaux de pluie. Pourtant, alors même que l’impact du réchauffement climatique occupe les conversations estivales, les écologistes craignent que le sujet ne passe comme d’habitude à la trappe à l’occasion de la rentrée sociale.
« A chaque fois, tout le monde se retourne vers nous pour demander ce qu’il faut faire. Il n’y a pas de secret : il faut changer radicalement nos modes de production et de consommation, mais nous sommes vilipendés car nous sommes le poil à gratter de ce système », assure Sandra Regol. C’est là que le bât blesse, à en juger par exemple par les polémiques qui ont accompagné la récente multiplication des actes de vandalisme écologique menés dans le contexte des restrictions d’accès à l’eau. Sans compter le fait que, d’après l’opposition de gauche, le gouvernement miserait davantage sur le front social que les députés de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) s’échinent à relier aux crises climatique et environnementale. La rentrée parlementaire s’annonce aussi bouillante que les températures de ces derniers mois.