
L’autorité allemande de surveillance des marchés financiers durcit le ton à l’égard d’Allianz. Après les milliards de pertes essuyées par l’assureur allemand à la suite du scandale de son fonds Structured Alpha aux Etats-Unis, la BaFin lui a demandé d’améliorer ses contrôles internes et de clarifier les responsabilités au sein de son service de conformité, a révélé le magazine « WirtschaftsWoche ».
Allianz assure être en « contact régulier avec notre autorité de surveillance, notamment pour le développement des systèmes de gestion des risques et de conformité ». Pour l’assureur, « il s’agit d’un processus continu et normal », commente un porte-parole.
Six milliards d’amendes aux Etats-Unis
La surveillance exercée sur l’assureur a été renforcée depuis qu’une procédure judiciaire a été engagée aux Etats-Unis contre Allianz, dont le fonds spéculatif Structured Alpha avait essuyé des milliards de pertes au moment de l’écroulement des marchés financiers au début de la crise du Covid.
Depuis, la filiale de gestion d’actifs Allianz Global Investors a admis avoir trompé des investisseurs et dissimulé des pertes. Un accord a été conclu en mai avec les autorités américaines pour des dédommagements et amendes d’un montant global de six milliards de dollars. Allianz Global Investors a en outre perdu le droit de gérer des fonds aux Etats-Unis pendant dix ans.
Lettre très ferme
L’autorité allemande avait ouvert sa propre enquête en septembre dernier et renforcé la surveillance sur Allianz. Aucune mesure concrète n’a été prise pour le moment, mais une lettre très ferme assortie de délais de mise en oeuvre a été envoyée au dirigeant d’Allianz, a révélé « WirtschaftsWoche ».
Les superviseurs douteraient de la qualité du contrôle des risques, notamment à l’égard des très nombreuses filiales du géant allemand de l’assurance. Mi-juin encore, deux filiales d’Allianz en Australie ont dû plaider coupables pour avoir fait de fausses déclarations. Allianz Australie s’était déjà vu infliger une amende de 1,5 million de dollars australiens en septembre 2021.
Il y a un an, c’est la filiale d’Allianz aux Bermudes qui a essuyé une amende de 1,7 million de dollars pour avoir enfreint la loi sur le blanchiment d’argent et la lutte contre le terrorisme.
La BaFin ne s’exprime pas publiquement sur son enquête. Depuis sa remise en cause après les scandales Wirecard et Greensill, qu’il n’avait pas vu venir, le gendarme financier allemand se montre toutefois de plus en plus ferme. Le nouveau patron arrivé l’année dernière de la Finma suisse, Mark Branson , avait notamment resserré les contrôles sur la croissance des fintechs N26 et Solaris.
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