Le marché pétrolier tourne la page de la guerre en Ukraine

La décrue des cours du pétrole se poursuit. Depuis son dernier pic en juin, le brut a perdu près de 25 % : le brent, référence européenne évolue autour de 95 dollars et le WTI, référence américaine, a de son côté franchi pendant le week-end du 15 août une nouvelle barre symbolique en passant sous les 90 dollars. L’or noir revient ainsi à ses niveaux d’avant-guerre en Ukraine.

« Les craintes grandissantes de ralentissement ont augmenté l’aversion au risque à travers de nombreuses classes d’actifs, mais c’est sur le marché pétrolier que c’est le plus flagrant », relève Jim Reid de Deutsche Bank. En raison des mauvais chiffres de l’activité manufacturière aux Etats-Unis et des données moins bonnes que prévu en Chine, les investisseurs anticipent une consommation de pétrole moins intense que prévu.

Baisse du raffinage

L’ex-Empire du Milieu pâtit toujours de sa politique zéro covid. Dans le sillage du rebond de l’épidémie en juillet, les ventes de détail et la production industrielle ont connu un tassement inattendu. La crise dans le secteur immobilier pénalise aussi lourdement l’activité. Dans le raffinage aussi (c’est l’un des principaux indicateurs de demande de brut) la dynamique post-covid s’essouffle. « L’activité de transformation du pétrole brut est tombée en juillet au plus bas depuis mars 2020, soulignent les analystes d’ING. La demande est en baisse de 10 % sur un an ».

Les perspectives de l’offre pèsent également sur les cours. Bien que l’Opep revoie à la baisse ses hausses de production, les négociations sur le nucléaire iranien laissent entrevoir un retour de la République islamique sur le marché international. « Avec l’accord et la levée des sanctions, l’Iran pourrait augmenter sa production de 1,3 million de barils par jour, ce qui apaiserait les tensions au second semestre 2023 », avancent les experts d’ING.

Pourparlers avec l’Iran

Les discussions avec les Etats-Unis avancent bien selon Téhéran . Lundi soir, le gouvernement iranien a fait part à Washington via l’Union européenne de ses « propositions finales » sur le dossier nucléaire, après que la Maison Blanche a accepté deux des exigences iraniennes. La République islamique se montre confiante : selon l’agence Irna, un accord est possible « si les Etats-Unis réagissent avec réalisme et flexibilité ».

Les cours du pétrole se sont envolés à près de 140 dollars juste après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les combats ainsi que les sanctions contre les hydrocarbures russes ont fortement déstabilisé les flux entraînant des tensions extrêmes sur les marchés. Moscou fournit environ 30 % du pétrole à l’Union européenne. L’Agence internationale de l’énergie met toutefois en garde contre une demande accrue de pétrole pour la génération d’électricité , le gaz étant devenu trop cher. Le MWh de gaz livré à Rotterdam se facture 230 euros le MWh ce mardi, un niveau qui n’a été dépassé en séance que deux fois au début de la guerre.

Comment affronter la montée des incertitudes ?

Inflation, hausse des taux d’intérêt, Ukraine et maintenant incertitude politique, les chocs se multiplient. Pour évoluer dans un environnement de plus en plus complexe, l’expertise de la rédaction des Echos est précieuse. Chaque jour, nos enquêtes, analyses, chroniques et édito accompagnent nos abonnés, les aident à comprendre les changements qui transforment notre monde et les préparent à prendre les meilleures décisions.

Je découvre les offres