Le prix du gaz en Europe atteint un nouveau record

Le pétrole a beau refluer , le cours du gaz, lui, continue de s’emballer. Après avoir bondi de 6,8 % lundi, le MWh livré à Rotterdam s’est encore renchéri de 7 % ce mardi, à 235 euros, un niveau jamais atteint à la clôture. En séance, il a même pris jusqu’à 14,37 %, à 251 euros. A ce prix-là, le gaz est 11 fois plus cher que la moyenne saisonnière de ces cinq dernières années. Si la tendance se poursuit, les prix pourraient grimper jusqu’à 347 euros le MWh, a prévenu le géant russe Gazprom. En séance début mars, les cours du contrat à terme européen avaient déjà explosé à 345 euros dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine.

« Les prix ont été dopés par la dernière vague de chaleur en Europe , expliquent les analystes de Deutsche Bank, elle a asséché les rivières et entraîné des difficultés logistiques » pour les produits énergétiques indispensables aux centrales allemandes. Le niveau du Rhin, artère cruciale pour l’approvisionnement du bassin industriel allemand, est si bas que le fret maritime est devenu non rentable dans certains cas. Résultat, faute d’approvisionnement en charbon ou en pétrole, les énergéticiens brûlent du gaz pour faire tourner leurs centrales malgré les prix élevés.

Les stocks se remplissent à bon rythme

Si les cours grimpent aussi fort, c’est parce que la demande augmente alors même que les livraisons de gaz de Russie, principal fournisseur de l’Union européenne, restent limitées. Le bras de fer entre l’Allemagne et la Russie autour de la réparation d’une turbine pour Nord Stream 1 n’est toujours pas résolu, au point que Moscou a réduit les livraisons à 20 % des capacités de ce gazoduc. Le ministre de l’économie allemand Robert Habeck assure que la turbine est disponible, et selon lui la Russie utilise les questions d’équipement comme un simple prétexte pour fermer les vannes à l’Europe.

L’Allemagne, l’un des membres de l’Union les plus dépendants du gaz russe, a d’ores et déjà lancé un plan pour réduire de 20 % sa consommation afin d’éviter de rationner l’approvisionnement énergétique. Le pays a également signé des accords avec les grands exportateurs de gaz naturel liquéfié (GNL) pour en importer cet hiver via ses deux nouveaux terminaux. Mais la concurrence s’annonce rude sur ce marché car la sécheresse en Asie a soutenu la demande de GNL en Corée du Sud et au Japon.

Une bonne nouvelle toutefois : le rythme du remplissage des réserves de gaz est plus rapide que les années précédentes. Les cuves ont presque atteint 75 %, en ligne avec la moyenne de ces cinq dernières années et plus que les 62 % à cette date l’an dernier. « En partant du principe que la Russie ne réduise pas à nouveau les flux, l’Union européenne devrait atteindre son objectif de 80 % au 1er novembre, explique Warren Patterson d’ING. C’est cependant une hypothèse risquée dans l’environnement actuel. »

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