Mais à l’arrivée, on retiendra surtout et avant tout ce succès (31-30) arraché au terme d’une longue course-poursuite avec le cœur, les tripes, du talent aussi. Et le soutien d’un public de Chanzy qui n’attendait…
Mais à l’arrivée, on retiendra surtout et avant tout ce succès (31-30) arraché au terme d’une longue course-poursuite avec le cœur, les tripes, du talent aussi. Et le soutien d’un public de Chanzy qui n’attendait que ça pour vibrer et ne s’en est pas privé, jusqu’au clapping devant la petite tribune, la marque des plus belles soirées d’émotions.
Pour ses retrouvailles avec la Pro D2 qu’il avait quittée dans la sinistre ambiance des huis clos au printemps 2021 et après un an de purgatoire, le SA XV s’est donc imposé.
Mené 7-13 à la pause, 14-27 à la 54e minute, il a trouvé les ressources mentales et physiques pour inverser une situation bien mal engagée. Comme aux plus beaux jours des années de Pro D2 quand s’imposer à Chanzy n’était pas offert à tout le monde. Et si les succès les plus difficiles sont les plus savoureux, celui-ci est un régal.
« Force de caractère »
Il permet surtout aux Angoumoisins de marquer leur territoire, eux qui avaient trop souvent déraillé à Chanzy la saison passée en Nationale face à des adversaires de moindre calibre. Eux à qui les coaches de Pro D2 promettaient en début de semaine dans les colonnes des Midi Olympique un aller-retour express vers l’étage inférieur, en compagnie de l’autre promu Massy.
On ne va pas s’enflammer non plus. La saison sera longue, très longue, et il y aura forcément des moments douloureux à traverser. Le staff du SA XV en est bien conscient. Et même s’il saluait après coup « la force de caractère » de son équipe (voir par ailleurs), Vincent Etcheto sait mieux que quiconque qu’il y a encore du pain sur la planche.
Mais on peut être sûr qu’i y aura du cœur à l’ouvrage la semaine prochaine à l’entraînement, avant d’aller défier vendredi prochain Nevers, autre vieille connaissance, battu 29-20 dans le même temps à Montauban. Puis de retrouver Chanzy, qui piaffe déjà d’impatience, le vendredi 9 septembre face à Aurillac.
Les supporters du SA XV sont donc passés par tous les étages de l’ascenseur émotionnel en ce vendredi de retrouvailles. Car comme trop souvent, et malgré la mise en garde de Gautier Gibouin avant le match, les Angoumoisins ont encore raté leur entame. Trop pénalisables et pénalisés, imprécis au pied en début de match, inconstants en touche, ils se retrouvaient menés 0-13 après une demi-heure et deux pénalités et un essai de Lafage.
Heureusement, un essai de Lafon relançait la partie (7-13, 33e), avant que Laforgue ne permette au SA XV de passer enfin devant au score (14-13, 43e). Avantage de courte durée, puisque Edwards allait à son tour derrière la ligne (14-20, 49e). Puis Marx (14-27, 54e).
Et c’est là, alors qu’on les craignait sonnés, que les Angoumoisins ont été admirables. De courage, d’abnégation. « Il faudra un mental de fer », avait prévenu le président Didier Pitcho. Ils en ont eu un d’acier. Pour d’abord réduire le score grâce à Bidart à la quatrième pénaltouche en autant de minutes (21-27, 62e). Puis revenir à trois points après une pénalité de Saubusse (24-27, 69e).
Mais il était écrit que rien ne serait simple. Un instant de faiblesse en mêlée et les Bretons reprenaient six points d’avance (24-30, 73e). En tête au score mais pas forcément rassurés. Car le SA XV, porté par son public, ne lâchait rien et choisissait la touche plutôt que de tenter la pénalité qui aurait permis de rentrer dans le bonus défensif.
Culot récompensé dans la foulée par un essai de Lestremau, à la réception d’une offrande aussi involontaire que superbe de Martins après une passe au pied de Botica. A charge pour l’ouvreur néo-zélandais, rentré dix petites minutes plus tôt, de passer la transformation de la gagne en coin. Sans trembler : 31-30 (79e).
Il ne restait plus que 50 secondes à tenir. Ce fut fait tout en férocité et sur l’air d’un « Ici, ici, c’est Chanzy » que l’on n’avait pas entendu aussi vibrant depuis longtemps, avant de lever les bras au ciel.

Photo Renaud Joubert