
Ce n’est pas encore de la colère, mais cela y ressemble. La Fédération bancaire européenne (FBE) a pris fermement position contre les projets de taxes exceptionnelles, annoncés pour l’heure en Espagne ou encore en Hongrie. Dans l’esprit des gouvernements, il s’agirait de mettre le secteur à contribution pour financer des plans d’aides aux ménages touchés par l’inflation.
« Les initiatives qui émergent dans certains pays européens visant à imposer des taxes ad hoc sur les banques sont injustifiées, discriminatoires, et avant tout, ne résolvent pas la question du coût de la vie », écrit la fédération des banques de l’Union européenne sur un ton inhabituellement vif.
De l’Espagne jusqu’en Belgique
En Espagne, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a annoncé le mois dernier une surtaxe exceptionnelle touchant notamment les banques. Cette dernière serait levée pendant deux ans, sur les profits de 2022 et 2023, et est censée rapporter 1,5 milliard d’euros par an aux caisses de l’Etat. Les grandes banques étrangères, dont BNP Paribas, pourraient être concernées.
Même état d’esprit en Hongrie, où le gouvernement veut faire contribuer le secteur bancaire à hauteur de 250 milliards de forints par an (soit 620 millions d’euros) ces deux prochaines années, dans le cadre d’une taxe sur les « profits exceptionnels » réalisés par plusieurs secteurs, dont l’énergie et la finance.
Plus récemment, c’est en Belgique qu’une idée de taxe bancaire a fleuri. Selon le quotidien « L’Echo », le ministre des Finances envisage de mettre le secteur à contribution pour compléter le système de garantie des dépôts du pays. Si le projet de loi est adopté, le fonds devrait ainsi être renfloué de 1,4 milliard d’euros d’ici à juillet 2024.
Dans d’autres pays, on ne parle pas de taxe mais la pression politique monte également. C’est le cas en France, où le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a reformulé dimanche sa demande aux banques et aux assureurs de participer à la lutte pour le pouvoir d’achat en modérant leurs tarifs.
« Il n’y a pas de profits exceptionnels »
Pour les responsables politiques d’Espagne et de Hongrie, il est logique de taxer les « super profits » réalisés cette année par certains secteurs. Dans le cas de l’énergie, les acteurs auraient tout simplement bénéficié de la hausse des cours, répercutée ensuite à la pompe. Dans le cas des banques, la hausse des taux d’intérêt impulsée par les banques centrales est mécaniquement favorable aux revenus, ce qui aux yeux de certains correspond à une rente.
Une interprétation contestée par la FBE. « Il n’y a pas de profits liés à une rente de situation dans le secteur bancaire, écrit le lobby européen. Bien au contraire, ce qui a été extraordinaire, c’est la période prolongée de taux d’intérêt négatifs ». A ses yeux, la hausse des taux ne constitue qu’une normalisation et les banques devront de toute façon – en raison de la hausse des taux – assumer des coûts de refinancement plus élevés.