Les données personnelles, une mine d’or pour les traders

Souriez, vous êtes géolocalisés, analysés et scrutés en temps réel par les plus grands hedge funds de la planète. Votre téléphone mobile est une mine d’or pour les fonds et les traders. Vos paiements, vos déplacements, vos goûts, vos commentaires sur les réseaux sociaux (sur des actions par exemple) sont anonymement agrégés et épluchés par des centaines de sociétés. Elles revendent ensuite ces données, parfois illégalement, à ceux qui cherchent des sources d’information supplémentaires pour gagner de l’argent sur les marchés : des firmes de trading, des gérants ou encore des hedge funds.

Non publiques, les « données alternatives » ne figurent pas dans les bilans des sociétés, ni dans les notes des analystes. Elles sont souvent chères et peuvent donner un avantage à celui qui sait les intégrer dans sa gestion après les avoir triées. Leur qualité et donc leur utilité font en revanche parfois défaut.

De grands hedge funds quantitatifs comme Renaissance préfèrent créer leurs propres bases de données pour leur usage exclusif. Beaucoup d’entreprises se sont lancées sur le créneau du « Big Data » face à l’engouement du secteur financier et notamment des hedge funds. « Il y a quelques années les données géolocalisées concentraient beaucoup l’attention. C’est dorénavant le cas des réseaux sociaux, dont l’usage a bondi à partir de la pandémie. Ils ont eu un impact important sur les actions très négociées par les particuliers . Beaucoup de hedge funds en font désormais l’analyse », constate la revue « Hedge Fund Law Report ». Les données biométriques (ADN, empreintes digitales…) ne sont pas utilisées, mais pour combien de temps encore ?

Raffinerie, champ, parking

Près de la moitié des 125 hedge funds et fonds de capital investissement interrogés en 2021 par Lowenstein Sandler a recours aux données alternatives. Orbital Insight offre à ses clients le monde et son économie vue de l’espace. Des photos et cartes permettent d’observer des champs, des bureaux (taux d’occupation), des zones industrielles, des raffineries de pétrole, des entrepôts du groupe Amazon ou des parkings de supermarché. Leur fréquentation, notamment les week-ends, donne une bonne indication sur la consommation en général et sur les résultats futurs de l’entreprise « observée » en particulier.

De grands hedge funds comme Marshall Wace intègrent ces nouvelles données à leur gestion. Les traders, pragmatiques, expérimentent de nouvelles approches. Si une data ne génère aucun rendement supplémentaire, ils l’abandonnent. L’excès de données n’est en effet pas du tout synonyme d’excès de performance. Il mobilise des équipes qui pourraient être mieux employées. Les fonds quantitatifs qui reposent sur l’utilisation de modèles statistiques fonctionnent plus ou moins bien selon les configurations de marché et la conjoncture.