Les entreprises se détournent la Bourse de Londres

L’âge d’or boursier de la City serait-il sur le point de se terminer ? Dans un contexte de marasme économique généralisé, le London Stock Exchange (LSE) affronte le départ de certaines de ses entreprises pour d’autres places boursières et la dégringolade du nombre d’IPO.

Depuis le Brexit en 2016, Londres, longtemps considérée comme la principale place boursière du Vieux Continent, a perdu de sa superbe par rapport à d’autres villes concurrentes .

Dernier exemple en date : le spécialiste américain de la protection intellectuelle Allied Minds. Elle a annoncé cette semaine sa volonté de se retirer de la Bourse de Londres. En cause : des frais de cotation « prohibitifs » selon l’entreprise. Mercredi, le titre a perdu 40 % sur la journée.

Vague de départ

Cette société n’est pas la seule à se détourner de la City. En début d’année, c’est la compagnie minière phare BHP Group qui a quitté la capitale britannique , alors qu’elle faisait partie des capitalisations les plus importantes du Footsie 100. Le groupe australien a décidé de réunir ses deux filiales en une cotation unique à Sydney.

Quelques mois auparavant, en décembre 2021, la plus grande compagnie low-cost européenne Ryanair avait décidé de quitter le LSE à cause de coûts trop élevés, mais aussi pour mieux capter les investissements européens. Une conséquence claire du Brexit, d’après les mots de son PDG.

D’autres comme les sociétés immobilières Hammerson et Segro cherchent une deuxième cotation en Europe pour être plus proches des investisseurs du continent qui ont déserté Londres.

IPO en berne

Du côté des introductions en Bourse, le tableau n’est guère glorieux. Depuis le début de l’année, les cotations à Londres ont représenté 1,5 milliard de dollars en tout, un chiffre en baisse de 91 % par rapport à l’année dernière sur la même période. 2021 avait été une année record pour les nouvelles cotations, autant à Londres qu’à l’échelle mondiale.

Certes, le nombre global d’IPO est en chute libre à cause d’un contexte économique qui effraie les entreprises comme les investisseurs sur tous les continents. Mais cette année, la Bourse londonienne est à la traîne par rapport à des places comme Milan ou Zurich, d’après les chiffres de Bloomberg.

Il faut dire que certaines cotations ont déçu outre-Manche ces derniers temps. Notamment celle du livreur Deliveroo en avril 2021 . Le premier jour, le titre avait cédé plus du quart de sa valeur. Depuis, le cours de l’action a largement chuté, surtout en 2022. Même tendance du côté de la société d’électronique The Hut Group et du spécialiste du paiement Wise, dont les cours se sont effondrés depuis leur IPO l’année dernière.

Nouvelle réglementation

Si le FTSE 100, l’indice phare londonien, reste performant par rapport à d’autres indices voisins, c’est notamment parce que les entreprises y sont souvent moins bien valorisées que sur le continent. Les investisseurs en profitent pour acheter à bon compte.

Les autorités britanniques tentent tant bien que mal de maintenir la place de Londres comme Bourse de référence. Elles ont tenté de séduire les start-up et les entreprises de la tech avec des avantages fiscaux. Le double système de cotation – premium ou standard – a aussi été unifié pour faciliter les introductions . Mais pour l’heure, ces efforts ne semblent pas suffire pour les investisseurs, même si Londres garde comme avantage un écosystème financier très complet pour des entreprises qui souhaitent se coter.