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Les marcheurs en quête d’un second souffle

Metz (Moselle), envoyée spéciale.

« B ravo ! » hurle une femme au moment où le quatuor de choc – Stéphane Séjourné, Stanislas Guerini, Franck Riester et Olivier Dussopt – entre dans la salle dans une ambiance survoltée. Musique à fond, jeux de lumière, les centaines de participants se lèvent pour applaudir leurs héros. Bienvenue au séminaire des cadres de la Macronie réunis à Metz (Moselle), samedi 27 août, à l’occasion du lancement du nouveau parti présidentiel Renaissance, dans l’attente d’un congrès à l’automne. La première ministre, Élisabeth Borne, a même fait le déplacement pour apporter son soutien aux marcheurs.

Dans son discours, Stéphane Séjourné, qui devrait bientôt succéder à Stanislas Guerini comme patron des marcheurs, a rendu un hommage appuyé à son prédécesseur, dans un jargon typique de la Macronie : « Nous avons fait bloc et construit des compromis sans céder à la compromission. Je pense que nous avons fait honneur à l’action politique dans une période où elle n’a jamais été dévoyée par les extrémistes. »

Derrière le satisfecit se cache pourtant l’échec des proches du président à créer les conditions du « dépassement » politique avec une « maison commune » susceptible de réunir tous les courants. La tentative est morte dans l’œuf, tuée par l’opposition d’Édouard Philippe (Horizons) et de François Bayrou (Modem), déterminés à cultiver leurs différences dans la perspective de 2027. En commun !, le parti écologiste de Barbara Pompili, n’appartient pas non plus à ce rassemblement. Seuls le parti de droite Agir, piloté par Franck Riester, ministre chargé des relations avec le Parlement, et Territoires de progrès, dirigé par Olivier Dussopt, ministre du Travail, fusionnent avec LaREM au sein d’une même structure. « Cette alliance doit respecter l’autonomie de chacun et permettre de faire entendre notre voix de gauche », a fait savoir Najwa El Haïté, porte-parole de Territoires de progrès, avec, en ligne de mire, les prochaines échéances électorales (sénatoriales, européennes, municipales).

Rapport de forces entre poids lourds

Au-delà des accords d’arrière-cuisine électorale, l’enjeu est éminemment politique pour les macronistes. Il s’agit de dessiner les contours d’un parti capable de se mobiliser dans la perspective de l’après-Macron. Dans l’impossibilité de se représenter en 2027, le président sait que son mandat peut se transformer en lutte de pouvoirs entre successeurs putatifs. Les ministres issus de LR, Bruno Le Maire, présent samedi à Metz, et Gérald Darmanin, en déplacement le même jour au Vatican, entendent déjà peser de tout leur poids sur Renaissance. Ministre délégué chargé des transports, Clément Beaune, chantre d’une ligne social-démocrate, ne cache pas son envie de participer à la future « direction collégiale » de la formation. « La synthèse ne se fait pas spontanément, reconnaît-il, mais, quand on prend des positions communes, il faut que cet équilibre soit respecté. »

Outre le rapport de forces entre poids lourds, il s’agissait pour les macronistes de se doter d’une colonne vertébrale idéologique après les multiples débâcles électorales et le séisme des législatives. À Metz, ce petit monde a donc fabriqué un « corpus des valeurs » que l’Humanité a pu consulter. Le premier paragraphe, consacré à la « République », reprend la rhétorique du donnant-donnant exploitée par Emmanuel Macron durant sa campagne : « Les militants de Renaissance considèrent la citoyenneté française comme un système de devoirs autant que comme un système de droits. » Quant à la liberté, elle doit « permettre à chacun d’entreprendre et de s’émanciper ».

Le terme « progressisme » est, lui, devenu le mantra de la journée. « Ce grand principe nous rassemble et s’oppose toujours aux forces illibérales », a insisté sur scène Stéphane Séjourné, sous les applaudissements nourris des marcheurs. Le « progressisme » est aussi brandi en toute occasion pour se distinguer des « extrêmes ». Une autre expression bien commode pour renvoyer dos à dos les représentants de l’extrême droite et ceux de la Nupes. Et Olivier Dussopt a soulevé la plus bruyante et longue ovation en appelant tous « (ses) amis de gauche » à se « libérer » des carcans idéologiques, les invitant à « renaître » dans le parti présidentiel où peuvent s’épanouir « les idéaux de progrès, d’égalité » (sic) .

Ces différentes manœuvres viennent surtout confirmer la faiblesse du parti LaREM, créé en 2016 pour faire une OPA sur la présidentielle, mais qui n’a jamais réussi à se structurer depuis. Dans son discours de clôture, Stéphane Séjourné, ancien conseiller politique d’Emmanuel Macron, a soigneusement évité de se montrer trop précis en matière de propositions pour ne pas fâcher dans son propre parti. Et se garder une marge de manœuvre en vue d’éventuelles alliances futures.

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