
C’est un casse-tête de plus pour la Banque centrale européenne. La baisse de l’euro face au dollar est de nature à lui forcer la main dans la poursuite de la normalisation de sa politique monétaire. Pourtant, le taux de change de l’euro n’entre pas dans son mandat.
Mais cette fois-ci, elle peut difficilement prétendre faire la sourde oreille. Si l’euro est passé sous la parité avec le billet vert, pour tomber au plus bas depuis sa mise en circulation en 2002 à 0,99 dollar, c’est en grande partie dû à une forte appréciation de la devise américaine. Outre-Atlantique, les perspectives économiques sont meilleures. Et surtout, la Réserve fédérale a mené à marche forcée la remontée de ses taux directeurs.
Les « Fed funds rates » ont ainsi progressé de deux points de pourcentage depuis mars, et évoluent désormais entre 2,25 % et 2,5 %. Cette semaine encore, des propos très volontaristes de plusieurs banquiers centraux américains annoncent de nouveaux tours de vis à venir.
Impact sur l’inflation
La BCE a pour sa part procédé à la première hausse de ses taux directeurs en onze ans lors de sa réunion de juillet. Un relèvement d’une ampleur inédite, 50 points de base, mais qui la laisse encore loin derrière son homologue américain. Cette différence renforce l’attractivité du dollar pour les investisseurs au détriment de l’euro.
Cette nouvelle chute de l’euro intervient au pire moment pour l’institution de Francfort. Elle doit se battre contre une inflation qui a encore atteint un niveau record en juillet , 8,9 % sur 12 mois. « Les mouvements persistants des taux de change sont importants pour la politique monétaire car ils ont un impact sur les perspectives d’inflation. Cela est d’autant plus important lorsqu’on est confronté à un choc sur les prix de l’énergie, car une grande partie des importations énergétiques de la zone euro est facturée en dollars américains », a mis en garde Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans une interview à Reuters la semaine dernière.
50 points de base
« Etant donné la nature du choc en Europe, la faiblesse de la devise et le risque lié à l’évolution de l’inflation, le message clé de cette interview est que la BCE est peu susceptible de changer de cap à moins d’être confrontée à une récession économique beaucoup plus profonde », analyse Frederik Ducrozet chez Pictet. Les marchés tablent ainsi sur une hausse des taux de 50 points de base lors de chacune des deux prochaines réunions de politique monétaire, en septembre et en octobre.
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