L’euro rechute sous la parité avec le dollar

Pour la deuxième fois cet été l’euro est retourné sous la parité avec le dollar à 0,9970. Les marchés semblent croire à des annonces favorables au dollar, à l’occasion de la réunion annuelle cette semaine des banquiers centraux à Jackson Hole . La devise américaine a regagné près de 2 % en cinq séances et l’euro fait les frais du regain de vigueur de la première monnaie mondiale.

Cet été, les hedge funds n’ont accru que modérément leurs paris spéculatifs à la baisse sur la monnaie européenne. Certains se distinguent par un pessimisme inédit depuis la crise de la zone euro de 2011-2012. L’euro pourrait plonger à 0,80 dollar selon le hedge fund EDL capital. « L’Europe est au bord de la catastrophe, ce qui pourrait conduire à son démantèlement. Elle n’a pas de « trésorerie commune » et le coût de la cohésion de l’Europe est élevé » selon la lettre à ses investisseurs révélée par l’agence Bloomberg. Le fonds spécialisé sur les marchés internationaux (style « global macro ») redoute que les graves difficultés de l’Allemagne aillent la rendre moins coopérative avec les autres pays européens.

Risque de récession

Depuis la guerre en Ukraine, l’euro souffre bien plus que le dollar, l’Europe étant en première ligne du conflit. La Bundesbank estime que la probabilité d’une récession en Allemagne a augmenté. L’inflation dans le principal moteur économique de l’Europe pourrait dépasser 10 % dans les mois à venir. La nouvelle envolée des cours du gaz en Europe ( +20 %) lundi est un signe inquiétant pour l’activité et la hausse des prix dans les pays européens. « L’inflation élevée est un signe de la récession à venir en Europe et les hausses des taux ne feront qu’aggraver la situation. En mobilisant son bilan, la Banque centrale européenne devrait se focaliser sur la mutualisation des dettes » estime sur Twitter Robin Brooks, chef économiste de l’Institut de la Finance Internationale.

Franc fort

L’euro s’est par ailleurs installé durablement sous la parité avec le franc suisse. Il a chuté à un nouveau plus bas depuis janvier 2015 face à la devise helvète à 0,9586 franc contre 0,85 sa plus faible valeur historique. Il l’avait atteint quand la Banque nationale suisse (BNS) avait retiré son cours plancher de 1,20 franc suisse par euro qu’elle défendait pour lutter contre la hausse de sa monnaie. Quand elle l’avait retiré sa devise avait bondi jusqu’à 29 %. Les analystes les plus pessimistes sur l’euro le voient chuter à 0,94 franc en 2022 et 0,90 l’année prochaine.

Sans les interventions de la BNS il aurait chuté davantage. Elle est intervenue en août en vendant près de 5,5 milliards de francs suisses contre des euros afin de freiner la hausse de sa monnaie. Cette hausse a toutefois une vertu, celle de limiter les pressions inflationnistes qui n’épargnent pas la Suisse.

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