
« Je réfléchis à être candidate. Un certain nombre de personnes m’y encouragent. Ils voient en moi une alternative non clivante, mais qui ne sera pas non plus dans l’eau tiède. » Annie Genevard ne le cache pas : elle est très tentée de se lancer dans la course pour la présidence des Républicains, remise en jeu les 4 et 11 décembre, où Eric Ciotti, qui s’apprête à donner un coup d’accélérateur à sa campagne en fin de semaine, figure déjà ; Aurélien Pradié, député du Lot et secrétaire général du parti, est dans les starting-blocks.
Vice-présidente déléguée du parti quand Christian Jacob en était à la tête, la députée du Doubs en assure déjà la direction par intérim depuis le 1er juillet et la démission de l’ancien député de Seine-et-Marne. Dès son entrée en fonction, elle n’a pas voulu concevoir cette période comme une transition, où elle se contenterait de faire de la simple figuration. Alors que l’exécutif macroniste était désormais contraint de négocier avec les oppositions pour faire adopter ses projets de loi, sa priorité a été de faire travailler ensemble les groupes parlementaires. Elle a donc mis en place un rendez-vous hebdomadaire avec les patrons des députés et des sénateurs, Olivier Marleix et Bruno Retailleau, afin de coordonner les positions de chacun. Gérard Larcher le préside avec elle.
En prévision de la rentrée, Annie Genevard a déjà calé la prochaine réunion avec un objectif précis. Elle veut que Les Républicains présentent leurs propres propositions sur tous les thèmes que le gouvernement Borne a inscrits sur sa feuille de route : la réforme de l’assurance-chômage, la sécurité, l’énergie, l’immigration…
« Identité ». Ces prochaines semaines, elle va lancer un nouveau chantier. Qu’est-ce que la droite ? L’ex-filloniste va organiser une série de rendez-vous de réflexion pour répondre à cette question. « Les idées de droite sont majoritaires. Mais comment Les Républicains peuvent-ils être réidentifiés à la droite ? Comment restaurer une identité à LR ? C’est là-dessus que je réfléchis », dit-elle, alors que le cycle électoral du semestre dernier a de nouveau été catastrophique pour son camp.
Pour cela, Annie Genevard, 65 ans, se sent pleinement légitime. Du parti, elle connaît parfaitement toutes les arcanes. Elle y a occupé de nombreux postes : secrétaire générale (sous Laurent Wauquiez), présidente du conseil national et vice-présidente déléguée (sous Christian Jacob)… Le 5 septembre, elle réunira d’ailleurs, au siège, les présidents des fédérations départementales de LR, ainsi que les secrétaires départementaux, afin de les mobiliser pour qu’en septembre, ils fassent vivre sur le terrain leur famille. « Nous sommes le seul parti à avoir une telle implantation territoriale », positive-t-elle.
Sur le fond, elle s’estime aussi pleinement à sa place. Annie Genevard se définit comme « une femme de droite aux convictions affirmées mais qui sait les dire sans hystérie ». Cela lui permet, estime-t-elle, de rassembler. Lors des législatives de juin, n’a-t-elle pas été la députée LR la mieux élue ? Dans la 5e circonscription du Doubs, qu’elle a conquise pour la première fois en 2012, elle a été reconduite avec 72 %.
« Chaud et froid ». Tout cela la conduira-t-elle à être vraiment candidate au final ? « Elle dit qu’elle y réfléchit mais j’ai senti qu’elle était d’abord favorable à l’idée d’un collectif car beaucoup veulent faire émerger une troisième voie entre Eric Ciotti et Aurélien Pradié », rapporte une élue, qui a échangé avec elle. « Elle dit qu’elle veut être candidate car elle n’a pas envie d’être vue uniquement comme une présidente par intérim », juge un responsable LR, qui ne croit pas qu’elle se lancera. « Elle souffle le chaud et le froid, ajoute un troisième. Elle a appelé beaucoup de présidents de fédérations pour en parler avec eux. Mais ils n’ont pas tous compris qu’elle les contactait pour les tester sur son envie d’y aller. Cela l’a un peu refroidie. »
Annie Genevard, qui a vu ces dernières semaines tous les élus de poids du parti en tête-à-tête (Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Brice Hortefeux…), devrait prendre sa décision après l’université d’été des Jeunes LR, les 3 et 4 septembre, organisée à Angers. « J’ai besoin de mûrir encore ma réflexion », confie-t-elle. D’ici là, la composition du casting se sera un peu plus précisée. « Si Bruno Retailleau est candidat, elle n’aura plus d’espace », avance un proche du patron du groupe LR du Sénat, qui envisage sérieusement de se lancer dans la compétition.