
Arrivé en provenance de Grenoble, il devrait rapidement devenir l’un des atouts de la ligne de trois-quarts du Stade. Découverte d’un joueur quelque peu atypique.
Nous pensons ne pas nous tromper en affirmant que Toulouse semblait une évidence pour vous ?
Oui c’est une évidence en raison de la génération à laquelle je fais partie et qui a vu le Stade remporter de nombreux titres dans toutes les générations de rugbymen, avec des joueurs que j’idolâtrais quand j’étais petit, alors oui c’est une évidence.
Vous évoquez le palmarès mais il y a le jeu aussi…
Effectivement, je me reconnais énormément dans ce que peut proposer le club, dans le projet qu’il a de faire vivre ce ballon, de proposer du spectacle et moi je suis un fervent supporter du spectacle. Je crois qu’on fait aussi un sport pour divertir les gens et se divertir nous-mêmes.
En revanche, quand on vient à Toulouse, on s’expose forcément à une grosse concurrence…
Oui je le sais bien sûr. Je ne comptais pas venir à Toulouse sans concurrence. Bien au contraire, c’est ce que je viens chercher aussi. C’est se remettre en question, se mettre en danger, j’avais aussi besoin de ça, j’arrivais au bout d’un cycle avec Grenoble et j’avais besoin de me challenger. Et Toulouse, c’est le meilleur endroit pour ça.
Cette concurrence doit vous faire grandir également. Vous êtes dans cet état d’esprit ?
J’ai énormément à apprendre des personnes qui sont là, qui viennent d’arriver, des gens qui ont énormément d’expérience rugbystique, qui ont remporté beaucoup de titres dans ce club, dans d’autres et avec leurs sélections. Alors forcément, je viens là pour grandir et apprendre aussi d’eux. Je viens avec humilité mais pour tenter quand même ma chance.
“Il y a un an, je n’aurais sûrement pas été capable de quitter Grenoble. Aujourd’hui, c’est l’heure.”
Avez-vous abordé avec le staff le poste auquel vous allez jouer ?
Je pense que le but sera surtout d’être présent dans un système, que ce soit à l’aile ou à l’arrière ou à un autre. Le but c’est de mettre mes qualités au service de l’équipe. Déjà, il faut que j’intègre bien le projet de jeu, que je me situe bien sur le terrain et que je joue bien avec mes coéquipiers. Le but également, c’est qu’on puisse progresser à chaque poste pour éventuellement durant l’année pouvoir jouer n’importe où.
Vous n’avez quasiment pas connu le Top 14 (NDLR : 20 minutes avec Grenoble), ni la Coupe d’Europe, avez-vous de l’appréhension à l’idée de préparer des matchs de très haut niveau même si vous en avez joué un peu avec l’Italie ?
C’est ce que j’allais dire. Le fait d’avoir joué le Tournoi des Six Nations et ces test-matches cet été avec l’Italie m’a aussi fait prendre conscience du niveau de jeu au très haut niveau. Cela va m’aider dans ma préparation de début de saison. Il n’y a pas d’appréhension. Mais de l’excitation parce que je sais maintenant où je me situe. Je n’ai qu’une hâte maintenant, c’est de pouvoir m’exprimer en championnat.
Quel fut votre ressenti lors de vos premiers entraînements avec le Stade ?
Cela m’a rappelé un petit peu les premiers entraînements quand je suis monté en pro à Grenoble. On se retrouve un peu dans la même posture dans la mesure où on découvre un groupe et où on a cœur de très bien faire les choses. On se prépare très bien comme si on préparait un match. Je me suis remis un peu dans cette situation-là – de débutant on va dire – comme si je rentrais dans un groupe.
Cette légendaire relance à Cardiff a-t-elle fait de vous un autre joueur ?
Un autre joueur, non. Une autre personne, oui je pense. Parce que forcément, cela a changé beaucoup de choses dans ma vie, je ne vais pas dire le contraire. Après, j’essaie au maximum d’en profiter. Je regarde encore l’action de temps en temps mais j’essaie aussi de prendre du recul et de rester dans la vie réelle et de ne pas bloquer dans la vie du Tournoi.
Elle a surtout changé le regard des autres ?
Oui mais, du coup, ça va demander beaucoup plus d’attente et de concentration. Et de très bonnes performances car quand on change le regard des gens et qu’on les habitue à un certain niveau, après il va falloir assumer. C’est ce qui va me permettre aussi d’essayer d’être au top.
Votre gabarit atypique est-il un message d’espoir pour certains ?
Je pense qu’on en a eu quelques-uns ces dernières années. Oui c’est important de faire passer le message. Après, on a évolué aussi dans le bon sens. Il y a de plus en plus de joueurs aussi qui ont des gabarits différents, qui passent par des filières différentes. Je ne suis pas rancunier vis-à-vis de tout ça. Aujourd’hui je suis ici et je profite du moment. Je ne vais pas rester bloqué dans le passé à ressasser des choses alors qu’aujourd’hui j’y suis arrivé.
Nous osons imaginer que vous êtes un partisan féroce du rugby d’évitement…
Moi, je suis surtout un partisan du fait que je suis bien content d’avoir des mecs très costauds à côté de moi. Parce que si j’avais quatorze mecs comme moi à mes côtés, je pense que je ne serais pas content. Bien sûr, c’est ce rugby que je prône. Mais je prône aussi la diversité. On a besoin de tout le monde. Cela a toujours été le cas. On a toujours eu besoin de rapides, de puissants, d e plus grands et ça, il faut continuer à le cultiver.
Est-ce que votre progression passe par prendre un peu d’épaisseur physique sans dénaturer vos qualités d’appui ?
L’épaisseur, non ; la protection, oui. Le jeu va être plus intense, plus rapide donc cela va demander beaucoup plus de force et de gainage dans sa globalité. Je vais devoir progresser physiquement, c’est sûr et certain mais il faut que je trouve le bon équilibre pour que cela me fasse progresser et ne pas perdre mes qualités d’appui.
Le dernier joueur arrivé en provenance de Grenoble (NDLR : Vincent Clerc) a connu un beau destin à Toulouse. Y voyez-vous un signe ?
Forcément. Comme je le disais tout à l’heure, cela fait partie des joueurs qui ont marqué mon enfance. C’est déjà très flatteur pour moi. Je ne mérite pas cette comparaison. On parle quand même d’un des meilleurs ailiers qu’on ait eu en France donc je suis juste flatté, très heureux et j’espère avoir, on va dire, un dixième de sa carrière.
Vous avez donc toujours vécu à Grenoble. Est-ce que c’était l’heure de franchir un grand pas en découvrant un nouvel environnement ?
Complètement. Il y a un an en arrière, je n’aurais sûrement pas été capable de le faire. Pour plein de raisons personnelles et différentes. Là c’était le moment. J’avais besoin de relancer ma partie rugbystique, retrouver un second souffle. Dans ma vie personnelle également. Donc c’était l’heure. Et je suis très heureux d’avoir fait ce choix.