
La guerre froide a rarement été aussi chaude. Un courtier voit grandir le risque d’une troisième guerre mondiale. « Le monde joue à la roulette russe avec un revolver à 5 balles » constate dans une note de recherche Matt Gertken, responsable de la stratégie géopolitique de BCA Research. Il a élargi son approche de l’investissement et de la prévision pour y intégrer des risques difficiles à appréhender comme ceux relatifs aux guerres et relations internationales.
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine il estime que la probabilité d’une troisième guerre mondiale a été multipliée par deux. Il la définit comme une confrontation directe entre les Etats-Unis et la Russie ou la Chine, voire les deux puissances à la fois. « Depuis la crise financière de 2008, l’économie mondiale suit une trajectoire (récession, troubles sociaux, montée du protectionnisme, hausse de la dette, populisme…) qui n’est pas sans rappeler celle qui précéda la deuxième guerre mondiale » estime Matt Gertken.
Signes avant-coureurs
A côté de la guerre en Ukraine, Taïwan mais aussi l’Iran – dans une moindre mesure – représentent deux nouveaux risques géopolitiques pour les marchés. Ils peuvent générer des pics ponctuels de volatilité et favoriser des actifs refuges comme l’or, le franc suisse et la dette d’Etat américaine.
De la même manière qu’ils ont ignoré les signes avant-coureurs d’une invasion de l’Ukraine, les investisseurs minimisent le risque d’une intervention militaire de la Chine à Taïwan, qui créerait une onde de choc sur tous les marchés asiatiques. La visite récente de la présidente la Chambre des représentants Nancy Pelosi à Taïwan a fortement déplu à Pékin. La Chine redoute que les Etats-Unis viennent s’immiscer dans ce conflit. Le regain de tension entre Israël et l’Iran est pour sa part, le plus susceptible d’avoir une répercussion financière sur les cours du pétrole.
Jugement dernier
Une troisième guerre mondiale n’aurait pas nécessairement une dimension nucléaire. Cette probabilité a été estimée à 10 % après l’invasion de l’Ukraine par Peter Berezin, stratège global de BCA research. Les scientifiques qui ont conçu un baromètre du risque nucléaire, l’horloge du jugement dernier , ne l’ont pas modifié en mars après l’invasion de l’Ukraine. Ils rappellent que ce risque pourrait toutefois se matérialiser à l’issue « d’une escalade indésirable ou involontaire d’un conflit conventionnel » plus qu’être la conséquence d’un accident (centrale…).
Une étude publiée en août de la revue Nature estime que 5 milliards de personnes, soit près des deux tiers de la population mondiale, décéderaient en cas de guerre nucléaire entre les Etats-Unis et la Russie. Outre les décès directs et indirects (radiations), le rejet dans l’atmosphère et dans les sols de particules contaminées détruirait les récoltes et provoquerait une famine mondiale . Des explosions nucléaires intenses auraient un impact sur le climat et la couche d’ozone.
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