Comment les banques se préparent à réduire leur consommation d’énergie

Publié le 7 sept. 2022 à 17:26

Lumières tamisées, eau chaude coupée, générateurs de secours… Face à la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, les grandes banques européennes planchent actuellement sur les mesures à prendre pour limiter leur consommation d’électricité et faire face à de possibles coupures de courant.

Le sujet est capital. Pas question pour elles de voir leur fonctionnement altéré, avec par exemple des distributeurs de billets hors service ou des transactions bloquées. Auquel cas, c’est toute l’économie qui pourrait en pâtir.

Les grands établissements ont pris de premières mesures pour réduire leur consommation d’énergie. A Francfort, Deutsche Bank a décidé de fermer le robinet de la fontaine située à l’entrée du siège social. Dans les bureaux, il ne sera plus possible de se laver les mains à l’eau chaude, et le chauffage sera diminué. Le groupe espère, grâce à ces ajustements, économiser 4,9 millions de kwh sur un an.

La diminution de la consommation électrique passe aussi par la réduction des éclairages nocturnes , notamment dans les agences. « Nous étudions ce qu’il est possible de faire pour éteindre les luminaires extérieurs plus tôt que ce prévoit la réglementation », indique le dirigeant d’un groupe mutualiste français.

Des groupes de travail depuis l’été

Celui-ci réfléchit aussi à adapter, à plus long terme, les sas d’entrée dans les agences, qui sont souvent à ouverture automatique et peuvent occasionner des pertes de chaleur, en installant des portes « classiques ».

« Des groupes de travail ont été mis en place dès cet été, et dans tous les métiers, pour voir comment on peut accélérer les plans de réduction de la consommation énergétique », témoigne-t-on du côté de Société Générale.

Dans certains établissements, on a profité de l’été pour faire des simulations. C’est le cas de l’italien Unicredit , qui a testé sa résilience opérationnelle et sa capacité à faire tourner ses systèmes informatiques en mode « dégradé », selon l’agence Reuters, avec des sources d’alimentation indépendantes.

Dans les data centers géants des banques, où des centaines de serveurs font tourner des milliers d’applications informatiques, on se tient prêt à basculer sur les générateurs de secours, en cas de coupure de courant.

Sécuriser l’accès au diesel

« Tous les data centers sécurisent leur approvisionnement diesel pour faire tourner les groupes électrogènes en cas d’interruption de longue durée », note un responsable de la sécurité informatique dans une grande banque. Mais à ses yeux, « il faut prévoir le cas où ce n’est pas un seul data center d’une seule banque qui est confronté à ce besoin, mais toutes celles d’une région ou d’un pays affecté par une interruption d’électricité. Les fournisseurs pourront-ils servir tout le monde à la fois, tout le temps, longtemps dans un environnement de surcroît perturbé ? »

Les superviseurs sur le qui-vive

Les régulateurs sont en tout cas sur le qui-vive. A la Banque centrale européenne (BCE) , comme chez d’autres superviseurs nationaux, on s’assure que les banques mettent bien à jour leurs plans de continuité pour se préparer aux scénarios les plus sévères.

« Les sanctions imposées à la Russie ont exposé les banques à plusieurs défis qui affectent non seulement la qualité de leurs actifs, mais aussi leurs opérations et les services qu’elles offrent et sur lesquels elles comptent », expliquait le mois dernier Anneli Tuominen, la patronne de la supervision bancaire finlandaise, qui siège au conseil de la BCE.