Comment les gérants comptent rebondir malgré le contexte de marché

Publié le 6 sept. 2022 à 7:04

Guerre en Ukraine, hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, récession… Depuis le début de l’année, les marchés financiers cumulent les risques et donc les corrections. L’indice MSCI World qui reflète les plus grandes capitalisations mondiales avait ainsi reculé de plus de 14 % en dollar à fin juillet, et cela malgré le rebond observé au coeur de l’été. Dans un tel contexte, la gestion d’actifs européenne perd massivement des encours. Selon les données collectées par Morningstar, les sorties nettes de capitaux s’élevaient à près de 159 milliards d’euros sur les 7 premiers mois de l’année ! Au mois de juillet, toutes les classes d’actifs étaient même dans le rouge à l’exception des fonds monétaires. Et la fin de l’année ne semble guère plus réjouissante tant les investisseurs semblent tétanisés par l’environnement actuel. « L’attentisme n’aura jamais été aussi important, les investisseurs veulent que le scénario macroéconomique se précise ainsi que des avancées sur le front diplomatique à l’est de l’Europe, avant de revenir sur les marchés financiers », explique Xavier Hoche, directeur de l’investissement chez Groupama Asset Management. En attendant ces éclaircies, les gérants cherchent à relancer la collecte en anticipant les besoins des investisseurs.

. Les obligations en « pole position »

Parmi les solutions mises en avant figurent les obligations, dont les rendements bénéficient de la hausse des taux d’intérêt. Mais avant d’y revenir, encore faut-il que les corrections enregistrées dans les cours touchent à leur fin. Pour les gérants, cela pourrait être bientôt le cas, en particulier aux Etats-Unis. « La banque centrale américaine (Fed) a décidé de mener une politique très agressive vis-à-vis de l’inflation et n’a pas hésité à augmenter rapidement ses taux d’intérêt. Nous considérons maintenant que des obligations souveraines américaines à 10 ans à un rendement de 3 % sont attractives et préconisons d’investir sur ce type d’actifs. Nous sommes plus généralement constructifs sur les obligations souveraines, qui offrent maintenant du rendement et apportent une protection contre le risque », explique Vincent Mortier, directeur de l’investissement chez Amundi. D’ailleurs, les données collectées par Morningstar montrent qu’au mois de juillet, les obligations souveraines en euro (+ 3,3 milliards d’euros sur un mois de flux nets positifs) et en dollar (+2,5 milliards d’euros) figurent parmi les rares classes d’actifs qui ont intéressé les investisseurs.

. Un retour des gestions de performance absolue et active

La hausse des taux d’intérêt avantage aussi les fonds de performance absolue. « Le retour de la volatilité, la dispersion des valorisations et la correction de certaines valeurs de croissance permettent aux fonds de performance absolue, en particulier ceux spécialisés sur les stratégies long-short, de générer de la valeur », explique Thierry Dupont, cofondateur de BDL Capital. L’indice HFRI-I (Hedge funds Research) sur les stratégies actions Ucits montre un redressement des performances sur les trois derniers mois, avec un gain de 1,28 % à fin juillet. Outre les stratégies long-short et de performance absolue, le contexte actuel serait globalement plus favorable aux gestions actives. C’est le cas en particulier pour les actions. « Les marchés actions ont corrigé dans leur globalité depuis le début de l’année, mais nous notons des écarts de performance et de valorisation inédits sur ces marchés. Certaines valeurs, en particulier celles de croissance, cotent à plus de 30 fois les bénéfices, quand d’autres affichent un prix à 5 fois les bénéfices. Une sélection fine de valeurs décotées, mais de qualité est alors à même de faire la différence », estime Vincent Mortier.

. Les thématiques durables et vertes toujours dans le peloton de tête

Fer de lance de la distribution, les performances de la gestion thématique ont été impactées en 2022 par la correction des valeurs de croissance. En effet, parmi les principaux thèmes utilisés par les gérants, figurent l’innovation technologique et le digital d’un côté et de l’autre, le financement des secteurs liés à la transition énergétique, qui s’inscrivent – pour nombre d’entre eux aussi  dans un modèle de croissance accélérée. Des modèles très consommateurs de capitaux et qui sont donc pénalisés par la hausse des taux d’intérêt.

Mais pour les spécialistes, le développement de ces secteurs s’inscrit dans des tendances de fond. Si la digitalisation et la numérisation des économies s’avère inéluctable, il en va de même de la transition énergétique. « L’utilisation des critères ESG ainsi que le développement de fonds verts et à impact constituent une tendance de long terme quelle que soit la configuration des marchés », avance Xavier Hoche. D’ailleurs, la collecte est positive depuis le début de l’année dans les fonds durables et verts qui relèvent du règlement SFDR (Sustainable Finance Disclosure). Elle s’élève dans ces catégories à 37 milliards d’euros sur les 7 premiers mois de l’année, selon Morningstar, alors que la collecte globale est en berne.