Energie : la triste réalité du déclassement français

Le constat est cruel : la septième puissance économique mondiale, puissance nucléaire civile et militaire qui plus est, ne sait pas si elle pourra passer l’hiver sans subir de black-out électrique. Seule une évolution des comportements des ménages et des entreprises devrait permettre d’éviter des ruptures de charges, peu reluisantes pour un pays comme le nôtre. Certes, il y a la guerre en Ukraine et la privation du gaz russe. Certes il y a l’explosion des prix du pétrole qui risque de prendre à la gorge de nombreux Français. Mais que penser d’une Nation, jadis fière de son leadership mondial en matière atomique, qui regarde aujourd’hui décliner son outil industriel ? Voir la moitié de notre parc de centrales nucléaires à l’arrêt cet automne en dit long sur la réalité du déclassement français. Ce n’est pas, loin de là, qu’un sujet industriel ou technologique. Jean-Bernard Lévy, le directeur général d’EDF, a raison de soutenir que la sortie du nucléaire, voulue par le politique et planifiée depuis une décennie, a démotivé la filière, désarmé ses champions et découragé ses talents humains. En un mot, entamé notre souveraineté. La véhémence avec laquelle Emmanuel Macron charge l’entreprise publique et son patron, seuls coupables selon lui de n’avoir pas su garder le parc à niveau, confirme que le chef de l’Etat a conscience du risque politique que peut représenter la recherche en responsabilité des auteurs de cette faillite. Or il en fait partie. Il a même de longue date joué un rôle tout à fait déterminant dans ce dossier, endossant des plans d’attrition du nucléaire, décidant des fermetures de réacteurs (Fessenheim), et changeant de pied au gré des retournements de l’actualité ou des alliances politiciennes qu’il devait ménager. Limoger le courageux patron d’EDF ne suffira pas à faire oublier cette réalité.