Si les particuliers plébiscitent globalement la fibre et n’hésitent pas à se séparer de leur vieille connexion ADSL dès qu’ils en ont l’occasion, les entreprises ne sont pas en reste. D’après une enquête de l’Ifop pour InfraNum, la fédération des industriels de la fibre, et l’opérateur d’infrastructures Covage, 55% des entreprises ont aujourd’hui adopté cette technologie. Un taux d’équipement en forte accélération, puisqu’il n’était que de 37% en 2021, et de 23% en 2019.
Il existe, toutefois, de fortes disparités selon la taille des entreprises. Plus l’entreprise est importante, plus la fibre est plébiscitée. Ainsi, 74% des entreprises de 50 à 249 salariés sont raccordées, contre 49% des petites structures de 1 à 5 collaborateurs. Des différences significatives apparaissent aussi selon la localisation. Dans les communes urbaines en région, 59% des entreprises disposent de la fibre, contre 36% seulement dans les communes rurales. En Ile-de-France, c’est 70% des entreprises qui disposent de cette technologie. Il faut, aussi, souligner que les zones urbaines sont presqu’intégralement fibrées. Ce qui n’est pas encore le cas pour nombre de communes rurales.
La fibre, un moyen de bousculer le marché
On peut, dès lors, se demander si la crise du Covid-19 a constitué un accélérateur de conversion des entreprises à la fibre. Intuitivement, on pourrait le penser, au regard de l’essor de certains usages particulièrement gourmands en bande passante, comme le télétravail. Mais l’étude de l’Ifop se montre mesurée sur ce point. L’impact de la crise sanitaire s’avère en réalité « limité », précise l’institut. A l’exception des grandes entreprises, qui ont globalement profité de la pandémie pour donner un grand coup d’accélérateur à leurs projets numériques.
L’Ifop souligne aussi que le passage de l’ADSL, sur le réseau cuivré, à la fibre constitue l’opportunité de rebattre les cartes sur le marché des télécoms professionnelles. C’est, aux dires de l’institut, « l’occasion d’une remise en concurrence », dans un secteur largement dominé par Orange, et dans une moindre mesure par SFR. D’après son enquête, quelque 43% des entreprises envisagent de changer d’opérateur lors de la migration vers la fibre. Le secteur ne s’attend pas, pour autant, à une révolution… En effet, « 10% des entreprises » comptent vraiment changer d’opérateur dans les douze prochains mois. Ce qui est peu.
Un « socle de réfractaires »
Parmi les entreprises qui ne sont pas encore raccordées, 59% d’entre elles envisagent de le faire dans les trois ans. Mais il reste donc un important « socle de réfractaires », selon les termes de l’Ifop, pour qui les bénéfices de cette technologie ne sont pas évidents. Ces entreprises évoquent le coût généré par un changement d’offre, ou encore des interrogations sur leur éligibilité à cette technologie.
La plupart des entreprises qui comptent choisir la fibre affirment s’orienter vers des offres professionnelles. Celles-ci sont certes plus chères que les offres grand public. Mais elles disposent notamment d’une « garantie de temps de rétablissement », ou d’« intervention », de quelques heures en cas de panne.
Des PME encore peu numérisées
Le gouvernement, de son côté, ne cesse de pousser les entreprises à adopter la fibre, perçue comme un levier de choix pour doper leur numérisation. Sur ce front, les TPE et PME françaises accusent encore un retard important à l’échelle européenne. Au contraire des grands groupes, qui y consacrent d’importants moyens depuis des années.