La fermeture du centre aquatique Ingreo suscite un tollé à Montauban

l’essentiel La décision est tombée, soudaine et brutale. Gestionnaire d’Ingreo, Vert Marine a décidé de fermer le centre aquatique ce lundi matin. En cause, la facture énergétique jugée insupportable par l’entreprise. Au mépris des usagers et des clubs. La maire de Montauban, évoquant “une faute grave” du délégataire, annonce que la Ville va reprendre la gestion du centre aquatique en régie provisoire, en réquisitionnant du personnel.

Sans mauvais jeu de mots, c’est une douche froide pour les salariés comme pour les usagers. L’annonce de la fermeture temporaire et soudaine d’Ingreo, gérée par Vert Marine, est tombée comme un couperet. D’abord pour les salariés, au nombre de 49 entre les maîtres nageurs, les agents d’entretien et les hôtesses de caisse.

« Dimanche soir, à la fermeture, le chef de bassin est venu nous voir pour nous informer que la piscine ne rouvrirait pas le lendemain à cause de la crise énergétique, témoigne l’un d’entre eux. On nous a dit qu’on serait payé à 100 % lundi, avant d’être placé en chômage technique. On est abasourdi, on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir… »

Ce lundi, dès l’ouverture, à 9 heures, un huissier mandaté par le Grand Montauban a constaté la fermeture sous les yeux des premiers clients, sacs de piscine en bandoulière et mines déconfites. « En raison de la crise énergétique, votre centre aquatique est temporairement fermé », pouvait-on lire à l’entrée principale.

Les plus pressés se contentaient de ce court message, mais les plus intrigués ou curieux allaient jusqu’à lire le communiqué de Vert Marine. « Les hausses du coût de l’énergie ne nous permettent plus de gérer les équipements de manière équilibrée économiquement et pérenne socialement et ainsi mener à bien notre mission de service public. […] Nous en appelons aux instances locales et gouvernementales afin de prendre des décisions nécessaires et inédites pour revenir à des coûts supportables pour répondre à cette crise urgente. » Le communiqué est cosigné par Thierry Chaix et Jean-Pascal Gleizes, respectivement président et directeur général de Vert Marine.

« Un manque de respect total »

C’est peu dire qu’il n’apaise en rien les rancœurs des nageurs qui se sont déplacés pour rien. « Je peux comprendre leurs arguments mais ils auraient pu prévenir plus tôt. Pour moi, c’est pas grave, mais j’ai une pensée pour les salariés qui se retrouvent sans travail… »

La situation est aussi très compliquée pour les clubs utilisateurs, à commencer par Montauban Natation et ses quelque 600 licenciés. « Je l’ai appris ce matin par mes salariés qui n’ont pas pu rentrer, déplore le président du MN, Valentin Barrau. On devait reprendre nos activités aujourd’hui en faisant passer des tests pour créer des groupes de niveau. Il va falloir prévenir tout le monde. J’en veux à Vert Marine car c’est un manque de respect total envers le club et ses adhérents. J’imagine qu’ils n’ont pas pris leur décision le week-end dernier. Ils auraient pu nous informer de cette décision en amont. »

Ce lundi, malgré les 33 ° Celsius en plein après-midi, ils ont été nombreux à trouver portes closes. Jusqu’à quand ?

Brigitte Barèges: “Nous ne cèderons pas à ce chantage”

Signe des temps, c’est sur les réseaux sociaux que Brigitte Barèges a réagi à la fermeture d’Ingreo. La maire de Montauban s’est voulue très offensive. « Je suis scandalisée par l’attitude inqualifiable et irresponsable de Vert Marine qui nous a mis devant le fait accompli en 24 heures. Ils nous ont prévenus vendredi soir à 22 h sans que nous ayons le temps de nous retourner. […] Avant l’été, j’ai rencontré le directeur national pour évoquer le raccordement de la piscine au réseau de chaleur de la ville dès le mois de novembre, ce qui leur permettra de bénéficier d’une baisse sensible et j’avais pris le risque d‘accepter une augmentation des tarifs de 2 à 3 % et de réduire la redevance. Avec ces mesures, l’entreprise faisait 400 000 euros d’économie sen 2022. Mais Vert Marine se moque de nous. Nous avons donc décidé de faire usage des articles 38 et 39 du code des DSP qui dispose qu’en cas de faute grave, la Ville peut reprendre la gestion en régie provisoire l’exploitation de la piscine en réquisitionnant le personnel. C’est ce que j’ai fait notifier par écrit et qui sera mis en place rapidement. L’heure n’est plus à la négociation mais à l’action. Nous ne céderons pas à ce chantage. »