Lazard veut défier Rothschild sur le marché des PME

Publié le 13 sept. 2022 à 6:51

Match de première ligue dans le M&A. Lazard, le rival historique de Rothschild habitué à la cour du CAC 40, veut affronter la banque de l’avenue de Messine sur sa chasse gardée, qui la porte chaque année en tête des classements par le nombre de deals : le conseil en fusions et acquisitions aux PME.

Lancée par trois anciens banquiers issus de Transaction R, l’entité de Rothschild consacrée au midcap, LazardNext, sa nouvelle franchise auprès des entreprises de 20 à 200 millions d’euros de valeur, affiche déjà ses premières prises.

« En un an et une équipe resserrée de 7 personnes, nous avons signé une dizaine de transactions, principalement à la vente, et comptons une douzaine de mandats actifs, se félicite auprès des ‘Echos’ Julien Lestrade, responsable de LazardNext. Et nous allons accélérer encore avec de nouveaux recrutements. »

A son palmarès figurent notamment la vente d’Happytal, un expert numérique du parcours hospitalier, au groupe La Poste, l’investissement de Merieux Equity Partners dans le laboratoire de recherche biomédicale Janvier Labs, ou encore le rachat de l’expert des horloges atomiques Orolia à Safran.

Investissement à travers les cycles

A l’échelle de la banque d’affaires, une seule équipe avait testé ce marché à ce jour : Lazard Middle market aux Etats-Unis, mais aux standards américains, à savoir à partir du milliard de dollars de valeur d’entreprise. Or depuis trois ans, dans le sillage de Rothschild et des banques de réseaux (BNP Paribas, Natixis…), les grands noms de la banque d’affaires (Goldman Sachs,JP Morgan…) se sont mis à leur tour à courtiser ces futurs champions du SBF 120 ou de la French Tech.

Des cibles qui promettent des mandats sur le long terme et permettent d’offrir des revenus contracycliques en cas de coup de frein sur les méga-deals. Mais cela exige aussi d’identifier le bon équilibre des coûts d’investissement face aux flux de commissions moins élevés par transaction.

« Nous ne souhaitons laisser aucun compartiment du marché à d’autres. Nous avons une marque, une tradition d’excellence, une profondeur de couverture clients en France qui nous rendent particulièrement crédibles », déclare Jean-Louis Girodolle, directeur général de Lazard France, qui met en avant l’offre intégrée de bout en bout de la banque, avec la gestion de fortune pour les entrepreneurs et l’accès à Lazard à l’international, et ses 1.400 banquiers de l’Asie aux Etats-Unis.

L’initiative « illustre notre ambition sur tous les segments de marché pour se hisser au meilleur niveau en France, explique-t-il. Conseiller les plus jeunes entrepreneurs, c’est les identifier tôt pour les accompagner à travers les cycles. Nous ne sommes pas dans une logique de stop-and-go. Nous avons une vision entrepreneuriale longue, constructive et méthodique ».

Années exceptionnelles chez Transaction R

Transaction R, présent sur ce marché depuis une vingtaine d’années, affichant 80 transactions par an et 70 banquiers, observe ces nouveaux noms comme des signaux positifs.

« L’arrivée de maisons institutionnelles sur le segment small et midcap va permettre de le développer encore plus vite en apportant de plus en plus de valeur ajoutée aux entrepreneurs, déclare son fondateur Pierpaolo Carpinelli aux ‘Echos’. Il y a vingt ans, la vente pouvait être perçue comme un signe d’échec chez des fondateurs, elle est aujourd’hui un signe de réussite et de bonne gouvernance. »

Il considère que « les banques américaines peuvent aussi avoir leur rôle à jouer dans ce marché, quand une contrepartie du deal est aux Etats-Unis ». De fait, l’arrivée de gros acteurs va aussi changer les standards des mandats du secteur, où de nombreuses petites boutiques, avec peu de frais de structures, interviennent à moindre coût.