L’exécutif veut prendre un maximum de précaution et prévoit, selon les informations de France Inter, de lancer les premières concertations dans les toutes prochaines semaines.
Le sujet est ultra-sensible. D’après les informations recueillies par France Inter, le gouvernement compte relancer la lutte contre les stéréotypes de genre à l’école. Et le gouvernement entend s’y attaquer dès le plus jeune âge : petite enfance, école, collège… « Les garçons sont trop souvent élevés dans un idéal de force, de virilité, quand on a encore tendance à associer les filles à la douceur ou à la soumission » explique un conseiller ministériel impliqué dans le dossier.
La loi en vigueur prévoit déjà une « éducation à la vie sexuelle et affective », mais elle n’est pas ou peu appliquée, selon l’exécutif.
Enjeu majeur : ne pas brusquer
Le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye et sa collègue chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes Isabelle Rome se sont déjà vus pour en parler. Leurs cabinets ont commencé à y travailler ensemble, et plusieurs réunions ont récemment eu lieu sur le sujet, en lien avec Matignon. Pap Ndiaye a même déjà entamé les consultations de manière informelle. « Il en parle aux syndicats ou aux professeurs qu’il rencontre », confie son entourage.
Mais le gouvernement ne veut surtout brusquer personne. Les ministres ont pour objectif de réunir les professeurs, les parents, les élus locaux et tous les acteurs concernés dès la fin du mois de septembre, si le calendrier le permet. Ça pourrait être repoussé au mois d’octobre pour ne pas empiéter sur le Conseil national de la refondation que s’apprête à lancer Emmanuel Macron. Une chose est certaine, ils veulent lancer cette concertation rapidement, afin de bien prendre le temps de la discussion, avec la rentrée scolaire de septembre 2023 pour horizon. Leurs proches l’assurent : il faut à tout prix avancer avec tact.
La notion de « genre », un terme qui fait débat
Car ils ont bien en tête le caractère explosif de cette notion de « genre » à l’école. « Les termes du débat restent à définir, la sémantique n’est pas arrêtée », démine d’ailleurs un conseiller qui n’a pas oublié les violentes polémiques de 2014 et 2015. Sous la pression de la droite, de l’extrême-droite et de La Manif pour tous, François Hollande avait alors dû abandonner les « ABCD de l’égalité » portés par Najat Vallaud-Belkacem et censés – déjà – déconstruire les stéréotypes filles/garçons. « Ils n’étaient pas bons », avait jugé en 2017 l’ancien ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Un prédécesseur dont Pap Ndiaye se distingue de plus en plus nettement.