MHSC – Lille : « Ça me donne encore plus faim », les confidences du défenseur pailladin Nicolas Cozza

Satisfaction d’une défense à nouveau solide depuis deux matches, Nicolas Cozza évoque le redressement du MHSC avant la venue de Lille, ce dimanche 4 septembre. Avec son franc-parler habituel.

Que s’est-il passé entre la défaite d’Auxerre (1-2) et cette victoire éclatante contre Brest (0-7) puis ce succès face à Ajaccio (2-0) ?

Beaucoup de remises en question, de discussions avec les joueurs, le coach, le staff. Et puis on a fait une entame à Brest qui nous a permis de faire basculer le match. On avait faim, je pense qu’on n’a pas perdu un duel sur les 30 premières minutes, de suite on a donné le ton. Et puis on a eu cette réussite aussi.

Comment avez-vous vécu les critiques des derniers mois ? Le vestiaire a-t-il été touché ?

Forcément, ça atteint. La saison dernière, la deuxième partie a été très compliquée donc on avait un peu le moral dans les chaussettes. On était dans un cercle vicieux qui nous tirait vers le bas. On n’arrivait pas à s’en sortir. Aujourd’hui, ce cercle est cassé, on repart sur une bonne dynamique. Et j’espère qu’on fera une grande saison.

À Brest, on a dégoupillé, on s’est dit “maintenant, on en a marre, on va les enfoncer”

L’équipe est-elle animée par une soif de revanche ?

Comme on dit, ce qui ne tue pas rend plus fort. Ça nous a fait du mal, on a su encaisser les critiques, on a eu le mental pour rebondir donc ça fait notre force aujourd’hui. À Brest, on a dégoupillé, on s’est dit “maintenant, on en a marre, on va les enfoncer”.

Êtes-vous également revenu à un jeu plus simple, à plus d’agressivité ?

J’ai une image en tête : d’habitude, sur nos six mètres, on cherche à ressortir par l’arrière. À Brest, on s’est dit on met le ballon devant, on va au duel et on le gagne.

Parfois, il faudrait peut-être approcher le football plus directement que ce qu’on a fait auparavant

Parfois, il faudrait peut-être approcher le football plus directement que ce qu’on a fait auparavant. Mais il n’y a pas de vérité non plus. Sur ce match, c’était peut-être celle-là, sur d’autres il faudra sans doute bien ressortir.

Le discours du coach a-t-il changé ?

Il a davantage un discours de possession, de construction. Et sur ce match contre Brest, ça a été plus direct. En gros, « les gars, on va arrêter de se prendre la tête, on va mettre les ballons, gagner les duels et marquer», tout simplement. Et c’est ce qu’il s’est passé. C’était plus simple, plus agressif, plus déterminé.

Vous courriez aussi après les clean-sheet. Vous venez d’en enchaîner deux. En quoi est-ce important ?

Ça rassure, ça rassure. Quand on ne prend pas de but, l’équipe est bien mentalement, on a plus de confiance. Quand on prend un but, tout le monde se regarde et se demande ce qu’on doit faire. Là, non. On se regarde dans les yeux, on sait ce qu’on a à faire.

Contre Ajaccio, ça se joue à un pied et ça nous sourit. Enfin.

Quand vous voyez le but refusé à Ajaccio par la VAR par exemple, vous avez envie d’y voir un signe d’une roue qui est en train de tourner ?

Oui, mais je n’avais pas pensé à ce détail. Ça se joue à un pied et ça nous sourit. Enfin, j’ai envie de dire. Que ça continue (sourire).

Vous êtes beaucoup de défenseurs centraux et Christopher Jullien vient d’être recruté. Comment l’avez-vous vécue cette arrivée ?

Bien. Christopher est un joueur d’expérience, qui a joué dans un grand club, il connaît la L1, l’étranger, en plus il est droitier, c’est un plus.

Votre entente a paru naturelle à Brest ?

C’est vrai. Il est arrivé trois jours auparavant, il a commencé immédiatement à parler, on est venu l’un vers l’autre pour discuter. Les choses se sont mises en place naturellement.

Je suis amené à prendre un peu plus de décisions, je commence à vieillir

Personnellement, avez-vous l’impression d’avoir pris une ampleur nouvelle ?

Pas spécialement. Mais je suis amené à prendre un peu plus de décisions, je commence à vieillir (rire). On me demande de prendre de plus en plus de responsabilités. Mais je ne revendique pas un nouveau statut. Aujourd’hui, je ne me considère pas comme un cadre, et le coach pourrait vous le confirmer.

Vous dégagez une vraie confiance alors que vous n’avez jamais été confronté à autant de concurrence en charnière et que vous êtes en fin de contrat. Comment vivez-vous ce paradoxe ?

Je ne réfléchis pas trop à la fin de contrat, toutes ces choses. On trouvera toujours un terrain d’entente. Mais tout ça me tire vers le haut. Ça me donne encore plus faim et la rage de vaincre.

La saison dernière vous a-t-elle permis de franchir un cap ?

C’est la première lors de laquelle j’ai pu enchaîner les matches, ça m’a donné de la confiance. Et c’est peut-être ce pourquoi aujourd’hui, je suis plus serein, stable. Je sortais de quatre saisons compliquées, avec une blessure aux croisés, peu de matches d’affilée, avec le cul entre deux chaises. La dernière saison m’a permis de me lancer. J’espère que l’actuelle sera celle de la confirmation.

Si j’en suis là, c’est peut-être grâce à cette blessure aussi

Avec le recul, vous avez l’impression que votre blessure à un genou fin 2019 vous a plus freiné que ce que vous imaginiez ?

Il y a eu des aléas extérieurs. Il y a eu cette blessure mais quand je suis revenu, alors que je pensais vite rejouer, les portes se sont fermées et ça a été compliqué pour moi. D’où un départ qui a falli se faire en décembre (2020) pour avoir du temps de jeu.

Cette blessure m’a ralenti mais elle m’a fait comprendre beaucoup de choses, m’a fait travailler deux fois plus. Si j’en suis là, c’est peut-être grâce à cette blessure aussi. 

Mercredi face à Ajaccio, vous avez disputé votre 100e match en pro avec le MHSC. Qu’est-ce que ça signifie ?

Ça donne confiance. J’ai l’impression que ça me vieillit, je me dis déjà 100 matches, pffff ça va vite (rires). Mais 100 matches avec mon club formateur, mon club de cœur, c’est forcément plaisant, ça fait du bien au moral, à la confiance.

Devenir lisse, c’est tomber dans une facilité. Moi, je ne fonctionne pas comme ça

On connaît votre histoire avec La Paillade (petit-fils du premier capitaine, formé au club, etc.). Mais est-ce que parfois, vous n’avez pas le sentiment qu’on vous en demande plus à cause de ce lien ?

Ça ne me dérange pas. Comme la concurrence, c’est un facteur qui me fait me dépasser. Est-ce qu’on en attend plus qu’avec un joueur venant de l’extérieur ? Je ne sais pas, peut-être les supporters, les dirigeants pensent cela. Mais moi, je le vois vraiment comme un cap à franchir dans ma carrière pour aller plus haut.

Vous avez un fort caractère, une facilité à dire ce que vous pensez. Comme dans le documentaire de Canal+, “Montpellier Héros”. Est-ce que cela a pu vous desservir ?

Il n’y avait rien à cacher. Je pense justement avoir pointé du doigt ce qui n’allait pas. Je ne crois pas que ça m’ait desservi.

Aujourd’hui, en général, on cache trop les vérités, on préfère les fausses excuses. Parfois il vaut mieux la dire, prendre ses c…. et aller de l’avant. Devenir lisse, c’est tomber dans une facilité. Moi, je ne fonctionne pas comme ça.

Mon intention est de rester. Et si ce n’était que moi, je resterais toute ma vie à Montpellier

Vous êtes en fin de contrat en juin. Avez-vous le souhait de prolonger, attendez-vous des pourparlers avec le club ?

(Sourire) La réponse est dans la question. J’attends des pourparlers avec le club. Mon intention est de rester. Et si ce n’était que moi, je resterais toute ma vie à Montpellier. Si demain, des clubs beaucoup plus prestigieux viennent, ça m’amènera à réfléchir mais mon idée est de rester à Montpellier. Cet été, il y a eu des approches mais rien n’était mieux que Montpellier.

Bertaud et Sainte-Luce ont été victimes de graves blessures à un genou. Vous êtes passé par là. Qu’avez-vous envie de leur dire ?

De ne pas lâcher, tout simplement. On en ressort plus fort. Et il faut relativiser. Tu n’es pas mort. Ça prendra du temps mais tu peux revenir. Dans ce cas-là, on va dans un centre de rééducation, Fontfroide, et on y croise des gens amputés notamment. Et ça te fait réfléchir.

L’absence de Sainte-Luce pourrait signifier votre repositionnement à gauche de la défense…

Il y a aussi Faitout (Maouassa). Mais je ferai mon maximum si je dois être décalé à gauche. La saison dernière m’a amené plus de confiance à ce poste, j’avais pu enchaîner des matches. Il va me falloir un temps d’adaptation. Ça a commencé à l’entraînement. J’avais beaucoup de repères dans l’axe et ça me perturbe un peu de glisser à gauche mais il va falloir “switcher” vite.