Politique : un séminaire gouvernemental pour recadrer les ministres trop ambitieux

l’essentiel Les grandes manœuvres en vue de 2027 ont commencé. Durant l’été, certains ministres ont multiplié les déclarations afin d’imprimer leur marque.

Ils étaient trois autour de la table : Clément Beaune, ministre des transports, Olivier Dussopt, ministre du travail, puissance invitante, et Olivier Véran porte-parole du gouvernement. Mais le repas, qui s’est tenu il y a quelques jours, n’avait rien d’une rencontre amicale puisque deux des convives, au moins, se vouent une franche inimitié. Il s’agissait de parler structuration de la gauche de la macronie en vue de… 2027.

Tracer leur sillon

La prochaine présidentielle est, en effet, déjà dans toutes les têtes et cet été, nombre de prétendants ont décidé de commencer à tracer leur sillon.

Ainsi, Clément Beaune, issu du PS, a marqué les esprits en lançant son idée de taxer les jets privés de même que Gérald Darmanin, ex LR, qui a annoncé son souhait d’ouvrir “des lieux de rééducation et de redressement” pour les mineurs délinquants, encadrés par des militaires. L’un comme l’autre ont “oublié” d’informer Matignon de leur initiative.

Quelques discordes

Ce mardi encore, à l’occasion des universités d’été du Medef, le ministre de l’Économie s’est distingué en prenant ses distances vis-à-vis d’Élisabeth Borne qui quelques jours plus tôt ne fermait “pas la porte” à l’idée de taxer les superprofits des entreprises.

“Je ne sais pas ce que c’est qu’un super profit, a rétorqué devant les patrons le locataire de Bercy. Je sais que les entreprises doivent être profitables, c’est tout ce que je sais.”

Rester uni

Une véritable cacophonie à laquelle, hier, lors du séminaire gouvernemental, la tête de l’exécutif entendait mettre fin par un sérieux recadrage. Bien sûr, l’essentiel du temps a été consacré aux dossiers de la rentrée et aux questions d’environnement.

La climatologue Valérie Masson-Delmotte, membre du Haut conseil pour le climat, avait été invitée à s’exprimer. Mais cette journée a aussi été l’occasion de rappeler la nécessité de rester unis.

“Il faut que tout le monde fasse attention à ne pas nuire au Président. Celui-ci sait parfaitement couper les têtes quand il le faut”, nous assurait, mardi, un ministre. Pour autant, cet interlocuteur anonyme, ne contestait pas la nécessité de préparer déjà l’après Macron.

Préparer l’après Macron

“La question est de savoir si, en 2027, il y aura un candidat du dépassement ou deux candidats de la majorité, un issu de la droite et un issu de la gauche. Je préférerais la deuxième option ».

Ce ministre estime, en effet, qu’« il serait dangereux, en 2027, de présenter un candidat unique face à l’extrême droite ou l’extrême gauche. En mai, on s’est déjà fait très peur alors que l’on avait un excellent candidat. Je préférerais donc perdre un peu de l’idée du dépassement et avoir deux candidats mais il n’y a pas d’urgence à se structurer”.

Attention aux scissions

Et un autre d’ajouter : “Ce que l’on n’aime pas c’est la course à l’échalote pour incarner l’aile gauche ou l’aile droite de la macronie. On voit déjà des personnalités tenter de cliver pour incarner l’un ou l’autre bord mais, si ça tire trop à droite, par exemple, avec Darmanin ou Le Maire on peut avoir une scission à gauche, il faut faire attention”.

Pour tous, ces aventures individuelles sont rendues possibles par la faiblesse d’Élisabeth Borne. “Elle n’a jamais été élue, n’a pas un long passé politique, c’est compliqué pour elle face aux grognards, nous assurait, hier, un membre du gouvernement pourtant confiant : elle va monter en puissance et les ministres seront plus attentifs à ne pas la malmener”.