Thomas Jamet, « com » il faut

Publié le 13 sept. 2022 à 7:36

Mariage ? Pas mariage ? Pour Thomas Jamet, cela ne fait aucun doute : à l’heure où même le gouvernement se penche sur l’éventuel rapprochement entre TF1 et M6, « cette fusion, ou non-fusion, constitue un sujet majeur pour le marché publicitaire », assure le nouveau président de l’Union des entreprises de conseil et d’achat média (Udecam).

A la ville, il est aussi le PDG de Mediabrands, agence média du spécialiste américain de la communication Interpublic Group (IPG). Et Thomas Jamet de souligner que « l’Udecam est ainsi présidée, pour la première fois, par une agence de cette taille ». C’est-à-dire non pas par un mastodonte tel que Publicis, Havas ou Dentsu, mais une entité qui emploie 250 personnes en France.

L’impact carbone des campagnes

Outre le possible mariage des deux poids lourds de l’audiovisuel, Thomas Jamet doit fédérer les 25 membres de l’association autour d’autres chantiers : la fin annoncée des cookies, un RGPD qui continue à poser question… « Surtout, le marché publicitaire a lui aussi un rôle à jouer dans la transition climatique », souligne le dirigeant de 45 ans, prônant « une vision et des référentiels communs, par exemple, pour mesurer l’impact carbone des campagnes ».

Afin de « pérenniser le dialogue » avec tous les acteurs de l’écosystème – depuis le ministère de la Culture, jusqu’au Syndicat des régies Internet, en passant par l’Union des marques – celui qui est élu pour un mandat d’un an renouvelable a fait évoluer la gouvernance de l’Udecam.

Fondée en 1996, l’association est désormais dotée d’un directeur général, poste occupé par Damien de Foucault, ancien d’Adwanted Group, et de trois représentants permanents. De quoi « mieux défendre les intérêts collectifs d’une profession qui s’entend dire, depuis des décennies, qu’elle est sur le point de se faire ‘ubériser’ », glisse-t-il.

Petits Chanteurs à la Croix de Bois

Lui préfère se concentrer sur ce qui l’anime, comme « naviguer entre la pub et l’utilité publique des médias ». Il faut dire que ce natif d’Orléans, fils d’une bibliothécaire et d’un agent général d’assurances, est coutumier des extrêmes.

Ancien soliste pour les Petit Chanteurs à la Croix de Bois, ayant même entonné de l’opéra, il est un grand amateur de rock. Pour preuve, il consacre une partie de son temps libre à « Electric Pyramid », groupe britannique qu’il co-manage avec Jim Beach… le manager de Queen !

Dictionnaire diabolique

Autre illustration de son goût prononcé pour les riffs de guitare, il publiera, d’ici à la fin de l’année, au Camion Blanc, un « dictionnaire diabolique » consacré à Ghost, formation suédoise de heavy metal. Toujours pas à un paradoxe près, le père de quatre enfants a coécrit dans le même temps le livre « Data Démocratie », en passe de paraître chez Diateino. Cela après avoir déjà consacré des ouvrages au « Brand content » ou encore à la « Renaissance mythologique ».

« Thomas a un côté caméléon, il est à l’aise dans des environnements très différents », jauge le surfeur Eric Dargent, ami de 40 ans rencontré en maternelle. L’intéressé, lui, se dit bourreau de travail car passionné. « Je bosse tout le temps parce que cela me plaît », résume Thomas Jamet qui, de surcroît, a empilé les diplômes.

Une carrière de chercheur

Après une licence de droit entamée à la fac d’Orléans et achevée à l’université de Dundee, en Ecosse, il poursuit à Assas avec une maîtrise de philosophie politique. Puis avec une double majeure en communication et sociologie à Sciences po Paris (où il enseigne depuis 11 ans).

S’il envisage alors une carrière de chercheur, il est finalement happé par le métier de planner stratégique « qui réunit tout ce que je voulais faire : l’étude sociologique, la recherche et l’écriture », dit-il. Il débute donc chez Carat, avant de passer dix ans chez Publicis et de rejoindre Mediabrands en 2015. Au sein de ce groupe, qui compte H&M et Spotify parmi ses clients, Thomas Jamet a déjà doublé les effectifs entre 2021 et 2022. Et il ne compte pas s’arrêter là.