Ubisoft : la famille Guillemot renforce ses liens avec Tencent en verrouillant le capital

Publié le 6 sept. 2022 à 18:00Mis à jour le 6 sept. 2022 à 18:06

Le pacte entre Tencent et la famille Guillemot est désormais scellé. Quatre ans et demi après avoir mis un pied chez le champion français du jeu vidéo via une première prise de participation, le géant chinois de la tech va encore renforcer ses liens avec Ubisoft et ses frères fondateurs. Tencent va ainsi injecter 300 millions d’euros au sein de Guillemot Brothers Ltd – la holding familiale des Guillemot qui est aujourd’hui l’actionnaire de référence d’Ubisoft (avec 13,6 % du capital et 17,6 % des droits de vote) – pour faire l’acquisition de 49,9 % du capital et de 5 % des droits de vote de ce véhicule.

Une opération qui a été réalisée sur la base d’une valeur par action de 80 euros concernant l’actif sous-jacent Ubisoft, soit une surprime de 86 % par rapport au cours actuel du groupe français. Ce qui le valorise un peu plus de 10 milliards d’euros. « Cette opération est le prolongement de l’entrée au capital de Tencent en 2018, souligne Yves Guillemot. Cet accord nous permet d’avoir un meilleur contrôle sur la société et de décider de notre destinée. La gouvernance est conservée à l’identique et ne change à aucun niveau ».

Effectivement, Tencent n’aura pas de siège au conseil d’administration et ne bénéficiera pas non plus de droit d’approbation ou de véto opérationnel. Aujourd’hui, la fratrie Guillemot et Tencent possèdent, en cumulé, 24,9 % des droits de vote et 19,8 % du capital d’Ubisoft. Avant cette alliance, la famille Guillemot seule possédait 15,9 % du capital et 22,3 % des droits de vote.

Tencent en position idéale

​Reste que Tencent a cependant négocié le droit de pouvoir monter de 4,5 % à 9,99 % du capital d’Ubisoft. Certes, la famille Guillemot a obtenu que cet éventuel renforcement au capital soit assorti d’obligations limitatives pour Tencent : le groupe chinois ne pourra ainsi pas monter au-delà de 9,99 % du capital et des droits de vote pendant une période de huit ans. Mais le groupe chinois se retrouve aujourd’hui en position idéale pour reprendre Ubisoft à plus long terme, lui qui souhaite accélérer à l’international sur les jeux pour consoles et PC ; le coeur de métier même d’Ubisoft.

A l’inverse, Si Tencent souhaite finalement se défaire de ses participations, les Guillemot bénéficieront d’un droit de préemption afin de pouvoir les racheter et d’éviter qu’un tiers, qui ne serait pas la bienvenue, mette brutalement un pied au capital d’Ubisoft.

Cette opération est une manière pour le groupe tricolore de verrouiller le capital et de se prémunir contre une éventuelle OPA hostile, quatre ans après avoir résisté, vaille que vaille, au long assaut boursier de Vivendi que la fratrie Guillemot avait vécu comme une « agression ». Mais le groupe ne ferme cependant pas totalement la porte à un rachat. « Nous sommes sur la même ligne depuis des mois : en cas d’offre par un tiers, celle-ci sera examinée par le conseil d’administration qui a toujours la capacité d’accepter ou de refuser celle-ci », note Yves Guillemot.

Un marché du jeu vidéo en pleine consolidation

Ces dernières semaines, les rumeurs bruissaient concernant Ubisoft qui constituait une cible idéale dans un marché du jeu vidéo en pleine consolidation et où la guerre du contenu bat son plein. La raison ? Le groupe français dispose d’un catalogue de franchise XXL  (Assassin’s Creed, Prince of Persia…) et a vu son cours de Bourse baisser de plus de 45 % en deux ans.

Après les rachats d’Activision Blizzard par Microsoft, de Zynga par Take-Two, de Bungie par Sony, ou encore, la semaine dernière, de la pépite français Quantic Dream par le poids lourd chinois Netease, Ubisoft était souvent annoncé comme devant être le prochain sur la liste. Mais avec cette opération, les Guillemot semblent bien partis pour rester aux manettes pour un paquet d’année encore.

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