Avec le SA XV, les miracles tiennent de l’ordinaire

Le SA XV n’a jamais remporté un match cette saison sans avoir été mené au score, écrivions-nous au matin de cette 26ejournée. Ce ne sera pas encore pour cette fois mais franchement, tout le mode s’en fout. Il s’est imposé face à Provence (12-8), vendredi soir, dans un stade…

Le SA XV n’a jamais remporté un match cette saison sans avoir été mené au score, écrivions-nous au matin de cette 26e journée. Ce ne sera pas encore pour cette fois mais franchement, tout le mode s’en fout. Il s’est imposé face à Provence (12-8), vendredi soir, dans un stade Chanzy en liesse, et c’est bien là l’essentiel.

En liesse car une fois de plus, comme ce fut déjà le cas ces dernières semaines face à Massy et Montauban, et à degré moindre contre Grenoble, les Angoumoisins reviennent de loin, de très loin.

Il a fallu une relance de folie de Pierre Laffite à la 77e minute, alors que le score était de 7-8 en faveur de Provençaux dominateurs tout au long de la seconde période, puis un modèle de cadrage de l’arrière aux cannes de feu qui mettait Marvin Lestremau sur orbite au bout d’une course de 60 mètres, pour faire basculer la rencontre.

L’ailier du SA XV échappait rageusement à une cuillère pour inscrire l’essai de la gagne. L’essai qui offre quatre points de plus à son équipe et lui permet de conserver sa 13e place à quatre journées du verdict, alors que la bataille pour le maintien est plus féroce que jamais.

Revenus de nulle part

Quatre équipes, du douzième Rouen au quinzième Montauban, se tenaient en six points au coup d’envoi de cette journée. Quatre-vingts grosses minutes plus tard, elles sont regroupées en quatre points. Rouen, qui a arraché le nul sur sa pelouse face à Nevers (19-19), ne compte plus désormais que deux longueurs d’avance sur le SA XV, trois sur Carcassonne qui a dominé Biarritz (20-12), et quatre sur Montauban qui a explosé Aurillac (30-15).

Bien malin qui peut dire qui aura la malchance d’accompagner Massy en Nationale. Mais ce qui est certain, c’est que la lutte pour le maintien n’aura jamais été aussi accrochée, et ne se sera jamais jouée avec un tel total de points.

Le SA XV en compte désormais 47, dont 22 lors des sept derniers matches qui se sont soldés par cinq succès et deux bonus défensifs ramenés d’Agen et Aurillac. Ce qui prouve à quel point cette équipe de « chiens de la casse » est bien décidée à ne rien lâcher, convaincue d’être revenue de suffisamment loin après sept défaites consécutives, pour ne pas atteindre son but. Quitte à laisser en route ses supporters les plus fragiles. Car il ne faut décidément pas être cardiaque par les temps qui courent à Chanzy.

A chacun sa mi-temps face au vent

Ce vendredi, on pensait pourtant que les Angoumoisins avaient fait le plus dur en virant en tête à la pause (7-0) face au vent, un temps de chien, grâce à un exploit personnel de Brosset, impeccable pour sa grande première à l’ouverture.

Le meilleur moyen de ne pas offrir de points à la botte du métronome Massip étant de camper dans le camp adverse, ce fut fait avec application, notamment en touche face à un alignement adverse complètement désorienté, et avec l’engagement nécessaire. Même si Vincent Etcheto pouvait encore regretter après le match cette inefficacité chronique en zone de marque qui a empêché le SA XV de creuser l’écart sur ses temps forts.

D’autant qu’à la reprise, Provence, après un coaching de masse, ne présentait plus du tout le même visage et revenait vite au score sur un essai de Lolohea (7-5, 44e). Le match était relancé, et le SA XV toujours aussi imprécis, malgré toute l’énergie mise par Bidart, Naqiri et compagnie. Sans effets.

Au contraire, ce sont les Aixois qui poussaient. Une première offensive butait sur la ligne d’en-but (65e). Pas d’essai à la vidéo. Pas plus sept minutes plus tard. Monsieur Noirot accordait bien l’essai à Suta dans un premier temps, avant de revenir sur sa décision après visionnage pour un en-avant dans l’en-but.

Le SA XV s’en tirait à bon compte, mais finissait par plier sur une pénalité de Cazenave au plus fort de la domination adverse (7-8, 71e). Le chrono tournait et il avait toutes les peines du monde à sortir de son camp, sous pression, sans guère de solutions. Si ce n’est les jambes de Pierre Lafitte et de Marvin Lestremau, dont l’essai de la victoire plongeait Chanzy dans une douce folie jusqu’au coup de sifflet final.

« C’est épuisant », soufflait Vincent Etcheto, partagé après la rencontre entre le plaisir d’un succès inespéré et le flou qui entoure son avenir qu’il a tenu à évoquer en conférence de presse (lire encadré). Mais l’heure n’est pas aux états d’âme. C’est le devenir du SA XV qui prime. Et ce n’est que collectivement et au prix d’un état d’esprit irréprochable, comme il l’a prouvé hier, qu’il s’en sortira.

« Je ne sais pas si je serais là l’an prochain, ça me perturbe »

Vincent Etcheto (manager du SA XV). « On n’est pas des tueurs. On caresse, on masse jusqu’à l’épuisement et on se fait peur. C’est à l’image de notre équipe, c’est vrai qu’on est sympa mais il faut être un peu plus tueur. On fait une superbe première mi-temps, on entre en zone de marque mais on ne marque pas. C’est dur, on se trompe, on manque de justesse et on manque de confiance en nous. La pression retombe mais on est un peu dans l’inconnu, on joue un maintien, je ne sais même pas si je serais là l’an prochain, moi ça me perturbe. On joue, on travaille et on ne sait rien, on arrive au mois d’avril donc ce n’est pas évident. C’est dur de tout donner, d’amener du positif alors qu’on prépare une saison prochaine sans savoir ce qu’on va faire. Je ne peux pas être heureux comme je le suis d’habitude parce que c’est la moindre des choses de savoir, et je ne sais toujours pas. »