Chez les Verts, derrière la façade antinucléaire, le débat monte sur l’acceptation de l’atome

Les députés écologistes parlent d’une même voix. Sur la même ligne que La France insoumise, les Verts ont déjà affirmé leur opposition au projet de loi visant à accélérer les procédures administratives en vue de nouveaux réacteurs nucléaires.

« L’engagement en faveur de la sortie du nucléaire », principe inscrit dans les statuts d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), suscite pourtant de plus en plus le débat chez certains sympathisants. Voire chez des adhérents.

« Aujourd’hui, une partie des personnes convaincues de leur engagement climatique considère le nucléaire comme une option », reconnaissait Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle de 2022 (4,6 % des voix), le 10 mars, au siège parisien d’EELV. « Le lobby nucléaire a instrumentalisé la question climatique pour se relancer, et ça a fonctionné… La faute des écologistes depuis Fukushima [l’accident au Japon, en 2011, à la suite d’un tsunami], c’est d’avoir cru que nous avions gagné la bataille. »

Ce 10 mars, les Verts avaient invité la presse à écouter un panel de spécialistes du combat antinucléaire, notamment de l’association Négawatt et de Greenpeace. Avec un objectif, celui de mener à nouveau cette « bataille culturelle » contre le nucléaire, selon les mots de Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti depuis décembre 2022. Il s’agissait de démonter l’argumentaire présentant l’atome comme une énergie décarbonée. Entre autres reproches faits à la principale source d’électricité dans le pays : la sûreté des centrales, les déchets radioactifs ou encore le coût de futurs chantiers.

« Sentiment d’angoisse »

Marine Tondelier aimerait lancer une « convention citoyenne » sur le sujet : « Je suis prête à hypothéquer ma maison pour dire que s’il fallait rendre un avis informé, nourri d’experts de tous les camps, il ne serait pas favorable au nucléaire », dit-elle. Ces derniers mois, des enquêtes d’opinion ont pourtant fait état de sentiments de plus en plus favorables à l’atome. Y compris chez une partie de sympathisants d’EELV : 46 % de ceux interrogés se déclaraient même pour la construction de nouveaux réacteurs, en complément d’énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire, selon un sondage Elabe de novembre 2022.

« Il a été expliqué aux Français qu’il n’y aurait plus d’électricité cet hiver. Face à ce sentiment d’angoisse, vous vous accrochez à la branche », estime Yannick Jadot, lui-même ancien responsable de Greenpeace.

Parmi les adhérents contactés par Le Monde, plusieurs ne souhaitent pas apparaître nommément. Certains voient de nouveaux réacteurs comme un « mal » nécessaire. D’autres souhaitent simplement l’exploitation de ceux existants, sans sortie hâtive. « La plupart du temps, nous recevons des tirs de barrage avec toute une liste d’arguments antinucléaires de base qui sont ceux de Greenpeace », regrette Frédéric Bec, 50 ans, adhérent d’Occitanie. Lui estime que le nucléaire ne doit pas être érigé en priorité à combattre. « L’urgence climatique, c’est la lutte contre le carbone, ce n’est pas la lutte contre l’atome », considère-t-il.

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