
« Jumbo est devenu l’équipe que nous étions il y a quelques années. » À l’aube de la quinzaine flandrienne, Patrick Lefevere, patron de Soudal-Quick Step qui a longtemps fait des classiques du Nord sa chasse gardée, désigne sa concurrente néerlandaise favorite des Monuments à venir.
La préparation au Tour des Flandres (2 avril) et à Paris-Roubaix (9 avril) va s’accélérer ces prochains jours : dès mercredi avec la Classic Bruges-La Panne puis vendredi au GP de l’E3, dimanche à Gand-Wevelgem et dans huit jours dans À travers la Flandre.
Et, déjà, l’armada Jumbo-Visma fait figure d’épouvantail.
Le bourdonnement assourdissant des Frelons néerlandais a de quoi effrayer les « Loups du Wolfpack » de Soudal-Quick Step réduits début mars au rang de spectateurs lors de l’ouverture de la saison belge écrasée par Jumbo-Visma au Nieuwsblad (succès de Dylan van Baarle, Christophe Laporte 3e) et à Kuurne-Bruxelles-Kuurne (victoire de Tiesj Benoot, Nathan Van Hooijdonk, 2e).
À ces occasions, même privée de son leader Wout Van Aert qui avait préféré les entraînements en altitude après une éreintante saison de cyclo-cross, l’équipe Jumbo-Visma s’est montrée intraitable en étant toujours en surnombre aux avant-postes. Et en accélérant à chaque fois à plus de 100 km de la ligne.
La Soudal-Quick Step devra « s’adapter »
« Je ne suis pas revenu du Rwanda (où il assistait au Tour local) pour assister à cela », avait tonné Patrick Lefevere dans la presse belge, marqué par la domination de la concurrence batave et davantage encore par l’apathie de ses coureurs. « Par le passé, tout le monde frissonnait dans le peloton lorsque notre garde bleue s’avançait », poursuit le manager qui reconnaît « ne pas avoir l’habitude de ne pas prendre les choses en main » et qu’il « faudra donc s’adapter. »
Un printemps aussi mièvre que celui de 2022 (Asgreen 23e du Tour des Flandres, Lampaert 10e de Paris-Roubaix) serait durement ressenti par les sponsors historiques, sur leurs terres.
« Nous n’avons ni Van Aert, ni (Mathieu) van der Poel, ni (Arnaud) De Lie dans nos rangs mais l’équipe est quasi identique à celle de 2021 – à part (Zdenek) Stybar -, où notre séquence de classiques avait été très bonne. Collectivement, nous devrons être au niveau souhaité à partir du GP de l’E3, jusqu’au soir de Roubaix », déclarait récemment Lefevere au journal Le Soir.
Alaphilippe sur les traces de Boonen ?
Un homme est particulièrement attendu au Ronde : le Français Julian Alaphilippe, régulièrement mis sous pression par Lefevere après une saison 2022 quasi blanche.
Selon le manager de Wevelgem, l’ancien champion du monde (2020 et 2021), 11e de Milan-Sanremo, monte en puissance au point que Lefevere ose une comparaison avec Tom Boonen, triple vainqueur jadis du Tour des Flandres. « Tom était trop court lors des courses d’ouverture, il était déjà bien mieux à la Primavera avant d’être à 100% dès le GP de l’E3 », se souvient Lefevere.
L’ex-champion du monde attendu face à Van Aert
Mais même à 100%, Alaphilippe aura fort à faire entre Bruges et Audenaerde le 2 avril (il ne participera pas à Paris-Roubaix), notamment face à Wout Van Aert (3e à Sanremo) qui aura toute une équipe à son service pour enfin remporter le Monument qui lui tient le plus à cœur.
Avec Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceuninck), impressionnant vainqueur de Milan-Sanremo, et le Slovène Tadej Pogacar (UAE), « Alaf » doit sans doute déjà se demander comment gripper la mécanique Jumbo