
Les quelques averses du mois de mars n’ont pas fait oublier la sécheresse hivernale, ni apaisé les tensions autour des projets de mégabassines agricoles dans l’ex-région Poitou-Charentes. C’est surtout une pluie d’arrêtés préfectoraux qui s’est abattue ces derniers jours sur les trois départements concernés (Deux-Sèvres, Charente-Maritime, Vienne), visant à contrer la nouvelle offensive des opposants aux grandes réserves d’eau de substitution, prévue du 24 au 26 mars, avec comme temps fort la manifestation vers Sainte-Soline et Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) samedi 25. Là où, en 2022, deux mobilisations ont marqué les esprits, par leur ampleur mais aussi, pour celle de Sainte-Soline en octobre, par la violence des affrontements avec les forces de l’ordre. A chaque fois, le déploiement massif de gendarmes dans les champs de luzerne, appuyés par des canons à eau et des hélicoptères, n’a pas empêché les militants d’accéder aux chantiers en cours ou de couper des canalisations agricoles.
Une nouvelle fois, l’Etat a choisi de faire preuve de fermeté face à ceux que le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, avait qualifiés « d’écoterroristes » au lendemain des heurts de Sainte-Soline. Pour « prévenir les risques à l’ordre public », les préfets des trois départements ont pris, depuis le 17 mars, plusieurs arrêtés interdisant manifestations et attroupements dans les secteurs concernés ou proches, la circulation des engins agricoles n’appartenant pas aux exploitations locales, le transport d’armes, de produits dangereux, de carburant, de feux d’artifice, ou encore de « matériel de sonorisation pour les rave free parties ».
Bataille de l’eau
Barrages routiers et autres contrôles aux carrefours des petites routes de campagne devraient compliquer la venue des antibassines, qui seront toutefois accueillis vendredi à Melle par un maire divers gauche, Sylvain Griffault, acquis à leur cause. Une « Mobilisation internationale pour la défense de l’eau », alliant débats, rencontres et festivités, doit s’y dérouler du 24 au 26 mars.
Les organisateurs des manifestations, le collectif Bassines non merci, Les Soulèvements de la Terre et la Confédération paysanne, espèrent ainsi « franchir un cap » dans la mobilisation, en lui donnant notamment une dimension internationale, avec des délégations venues de toute l’Europe, mais aussi du Mali, du Canada ou du Chili. Plusieurs convois de tracteurs de diverses régions de France, attendus vendredi à Lusignan (Vienne), doivent, selon eux, convaincre l’opinion publique que le combat ne concerne pas des agriculteurs contre des écologistes, mais oppose différents modèles agricoles.
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