
Edouard Philippe a, un temps, envisagé de tout annuler. Le premier congrès de son jeune parti, Horizons, organisé samedi 25 mars au Parc floral, dans le cœur du bois de Vincennes, tombait mal alors que la rue s’enflamme contre la réforme des retraites. Les violences et menaces que cette décision politique déchaîne contre les élus pourraient mettre en danger les membres du parti, en grande majorité maires et députés, l’avaient alerté ses équipes. Les grèves des transports, les pénuries d’essence pourraient aussi vider les tribunes et transformer le grand raout en un faux départ, voire en flop. Mais « nous renonçons assez peu. Ceux qui renoncent facilement ou même ceux qui renoncent finalement n’ont pas vraiment leur place parmi nous », lâche le maire du Havre (Seine-Maritime), depuis une estrade bleutée.
Le congrès s’est donc tenu. Et une foule d’un peu plus de 3 000 sympathisants était au rendez-vous pour applaudir Edouard Philippe, candidat pressenti à l’élection présidentielle de 2027, à la parole rare et parfois cinglante. En cette période de gros temps, les brouilles qui ont agité les trois piliers de la majorité avaient été mises de côté, comme dans ces familles où les sujets qui fâchent flottent dans l’atmosphère sans être jamais frontalement évoqués. Et c’est l’image d’une communion entre Horizons, le MoDem et le parti présidentiel Renaissance qui s’affichait aux premiers rangs de la salle érigée au milieu du parc bucolique.
Autour de la première ministre, Elisabeth Borne, arrivée à l’heure, quelques membres du gouvernement, comme le ministre du travail, Olivier Dussopt (Renaissance), celui de l’agriculture, Marc Fesneau (MoDem), ou celui de l’écologie, Christophe Béchu (Horizons), qui s’est éclipsé un moment l’air inquiet, probablement rattrapé par les dérives observées lors de la manifestation anti-bassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). L’ancien président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, compagnon de route du chef de l’Etat, était aussi au rendez-vous, non loin de sa successeure, Yaël Braun-Pivet, et de François Bayrou, patron du MoDem.
« L’unité, ce n’est pas l’unanimité »
Les temps sont graves. Mais le Havrais, allié du chef de l’Etat qui décrit régulièrement sa relation à Emmanuel Macron comme « cordiale et lointaine », avait à cœur de rappeler qu’Horizons ne compte pas, malgré la tempête, les divergences de vues et les dissensions avec Renaissance, se distancier du gouvernement. « Horizons est, et restera, un membre de la majorité présidentielle », a-t-il asséné pour dissiper les doutes « de ceux qui mastiquent leur ressentiment et ceux qui se plaisent à mettre des lentilles disproportionnées sur le moindre petit écart ». Une allusion aux trois députés apparentés Horizons qui menaçaient de ne pas voter la réforme des retraites.
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