Trajets à vélo partagé, courses dans des magasins de vrac, diminution d’achats de vêtements… Hu Qi, 29 ans, salariée d’une entreprise du Web à Shanghaï, enregistre chaque jour dans le micrologiciel communautaire Lu Miao, sur le réseau social WeChat, les petits gestes qui réduisent son empreinte carbone. L’outil est activé à chacun de ses déplacements sans voiture. Idem lorsqu’elle achète une boisson avec son propre mug. Fini le taxi et même le métro pour des trajets de 5 ou 6 kilomètres : place au vélo partagé. Fini, aussi, les achats impulsifs de vêtements sur Taobao, après quelques événements de sensibilisation organisés par la « communauté ». « Maintenant, je peux clairement connaître l’ampleur de mon effort, de plus, je reçois pour cela des cadeaux offerts par Lu Miao. » Sur son compte, Hu Qi affiche un bilan de 236 kg de CO2 « économisés » en un an, soit un peu plus que les émissions générées par un vol aller-retour entre Paris et Rome en classe économique.
Mis en ligne il y a un an et demi, le micrologiciel rassemble aujourd’hui trois millions d’internautes. Il aurait permis de réduire de 10 000 tonnes les émissions de CO2, assure Jeff Chen, vice-président de l’entreprise Miotech, qui l’a développé.
Pour réduire l’empreinte carbone des particuliers, de multiples applications numériques, développées en partenariat avec le secteur public, ont vu le jour ces derniers mois en Chine. Les gestes qui permettent d’éviter des émissions sont enregistrés en temps réel dans des applications ou micrologiciels pour lesquels les utilisateurs ont préalablement accepté de céder leurs données personnelles. La quantité des émissions évitées est directement calculée et enregistrée sous forme de points. A la clé, pour les utilisateurs : l’accès à des réductions, voire à la gratuité sur une large gamme de produits et services, qui va de l’entrée aux sites touristiques à l’abonnement en salle de sport, en passant par la nourriture.
Plantation d’arbres
Cette addition de « petits gestes » pour le climat pourrait-elle avoir un impact sur le bilan carbone global de la Chine ? L’empreinte carbone moyenne d’un Chinois est de 6,7 tonnes de CO2 par an, une moyenne certes inférieure de 13 % à celle d’un habitant de l’Union européenne, mais qui a triplé en vingt ans. Pour l’instant, ces dispositifs sont encore des expérimentations et sont loin de toucher la majorité de la population.
Selon un rapport du Forum chinois pour la neutralité carbone, un organisme de recherche regroupant plusieurs institutions académiques et gouvernementales, jusqu’en août 2022, 16 provinces et villes ont lancé des expérimentations de ce type, en partenariat avec le secteur du numérique. Chacune de ces applications compte plusieurs millions d’utilisateurs, selon Wu Hongjie, vice-président de l’Institut de recherche sur le développement industriel de Chine et auteur du rapport. L’application Ant Forest, une initiative pour laquelle la plate-forme de commerce en ligne Alibaba s’engage à planter des arbres en fonction de la réduction des émissions des participants actifs, serait, selon ses concepteurs, utilisée par 650 millions de personnes. En six ans, elle assure avoir planté plus de 400 millions d’arbres dans onze provinces chinoises.
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