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Fin de vie : les limites de la formation initiale et continue des médecins

Tout médecin, dans sa carrière, est confronté à la douleur ressentie par des patients, signe parfois d’un mal incurable pouvant conduire, à plus ou moins brève échéance, à la mort. Savoir évaluer les symptômes, soulager les douleurs et prendre en charge la détresse existentielle d’une personne ; apprendre à communiquer une mauvaise nouvelle ; accompagner l’entourage ; comprendre le rôle de chacun, y compris celui des bénévoles rendant visite aux patients : l’obtention nécessaire de ces compétences par les médecins est au cœur des débats de la convention citoyenne sur la fin de vie. Le 2 avril, elle rendra une réponse à la question posée par la première ministre, Elisabeth Borne : « Le cadre d’accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? »

Cette confrontation aux limites de la médecine curative, aux limites de la vie elle-même, requiert une expérience pratique et thérapeutique qui doit être partagée dans les facultés de santé. Depuis 1997, les universités sont tenues de proposer un enseignement des soins palliatifs en deuxième cycle des études médicales, mais la participation des étudiants à ces séminaires, transformés en 2002 en modules, est restée optionnelle.

En formation initiale, les questions relatives à la fin de vie occupent, selon les facultés, « entre six et dix heures en deuxième cycle, détaille Elise Perceau-Chambard, cheffe de service et professeure associée en médecine palliative au centre hospitalo-universitaire Lyon-Sud. C’est très peu pour parler douleur, fin de vie, éthique, même s’il peut y avoir des enseignements optionnels qui viennent compléter ». Et cela n’est pas la seule limite à l’apprentissage de l’accompagnement des mourants.

Pas de diplôme mais une sensibilisation

La réforme de l’internat, en 2017, a supprimé une mention complémentaire de diplôme consacré à la médecine de la douleur et à la médecine palliative, un parcours qui était validé sans examen mais avec la rédaction d’un mémoire. « Le choix a alors été fait de ne pas créer de diplôme d’enseignement spécialisé qualifiant pour exercer cette spécialité, au prétexte que s’engager dans la médecine palliative pour toute la vie, quand on a 24 ans, peut paraître un peu violent et nécessite une expérience déjà acquise », relate Laurent Calvel, chef de service au CHU de Strasbourg et président du collège national des enseignants pour la formation universitaire en soins palliatifs.

Désormais, les internes qui veulent apprendre la médecine palliative peuvent suivre une « formation spécialisée transversale » d’un an, « pensée non comme une spécialité mais comme une coloration, une sensibilisation » sans aboutir à un diplôme, précise M. Calvel. En 2022-2023, une soixantaine d’étudiants ont fait ce choix. Parmi eux, une quinzaine aura peut-être la chance d’intégrer l’unique master de médecine palliative qui existe en France, au sein de l’université Paris-Est-Créteil, dont les capacités d’accueil ne sont pas extensibles.

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